Marcel Jousse

chercheur, anthropologue, pédagogue

In memory of Edgard Sienaert

We were saddened to learn of the death of our friend and president Edgard Sienaert from pancreatic cancer on January 2, 2024. He was 83 years old.

Our hearts go out to his family and friends during this ordeal. His funeral took place on Friday January 5 in Bloemfontein, South Africa.

We will always be grateful to Edgard for his friendship, kindness and contribution to the knowledge of Marcel Jousse’s anthropology, both as a researcher and as president of our association.

In mid-December, Edgard informed us of the nature of his recently detected illness, and immediately resigned from his role.

The Board then chose Thomas Marshall to assume the role of President of the Marcel Jousse Association, until the renewal of the Board scheduled for November 2024. A tribute will be paid to him at our Annual General Meeting.

We propose that this article be a space dedicated to Edgard’s memory. Anyone wishing to do so can post a testimonial or message in the comments at the bottom of the page. You can also write to us if you would like us to add content to this article (a text, a photo, a document…).

We’re sure you’ll be as touched as we are by this unexpected news. For the year 2024, it opens a movement of mourning, of passage, but also of gratitude and commitment to continue our mission.

We wish you all the best for the New Year, and wish you the patience and perseverance to carry out your most cherished projects, as Edgard has shown us, in the footsteps of Marcel Jousse.

Members of the Board of the Marcel Jousse Association

Thomas Marshall
Elizabeth d’Eudeville
Gabriel Bourdin
Amaury d’Eudeville
Edith de Pontfarcy
Titus Jacquignon
and
Muriel Roland

Edgard’s funeral

A letter from the Marcel Jousse Association was read at the ceremony.

Personal messages

A Remembrance by Werner Kelber

Présentation about Jousse by International Dance Council – 2 Dec. 2023

The International Dance Council is an international non-profit NGO, which has been a partner of UNESCO since its foundation in 1973. It has several thousand members (individuals and organizations) in 170 countries. They have launched the “Dance and Spirituality” program, which deals with the relationship between dance and artists and the spiritual.

Following France Schott Billmann’s suggestion, Marcel Jousse Association was contacted by the head of this program, Constantin Kontogiannis. Initial discussions led to the scheduling of a lecture by Titus Jacquignon. This is an excellent opportunity to introduce Jousse’s anthropological research to a milieu concerned with dances as a living cultural heritage to be recognized and preserved.

Marcel Jousse: Anthropology of Expression

Presentation by Titus Jacquignon, PhD in Language Sciences

Saturday, December 2, 4:00 pm (Paris time)

Draft agenda

Language: French, with English translation

Zoom link: https://us02web.zoom.us/j/9414526266

To register, write to DanceAndSpirituality@gmail.com

(Français) Présentations des recherches de Muriel Roland (2023)

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Nous avons le plaisir d’annoncer la prochaine soutenance de la thèse de Muriel Roland, membre active de l’Association Marcel Jousse, ainsi que deux occasions de l’entendre présenter les fruits de son travail, en novembre et décembre.

Qui est Muriel Roland ?

Muriel Roland, artiste de théâtre, formée à l’École Internationale de Mimodrame Marcel Marceau de Paris (1983-86), co-fondatrice de la Cie SourouS, du Festival Auteurs en Acte, de l’Escuela nacional de teatro – Santa Cruz-Bolivie, vient d’achever une thèse de doctorat sur le geste de l’acteur, sous la direction du Pr. Katia Légeret, (Université Paris 8). Depuis 30 ans, l’œuvre de Marcel Jousse est pour elle une source vive et intarissable d’inspiration.

Lors des années passées, elle a proposé plusieurs interventions dans le cadre de l’Association Marcel Jousse, notamment lors des séminaires dont les vidéos sont publiées sur notre chaîne You Tube. Elle s’intéresse aussi beaucoup à la pensée de René Girard, qu’elle met en lien avec celle de Jousse, notamment pour mieux comprendre la violence.

Sa thèse de doctorat

Faisant retour sur une riche carrière artistique et pédagogique, Muriel Roland a réussi à aboutir son projet de recherche et d’écriture, dans le cadre exigeant d’une thèse de doctorat – tout en continuant en parallèle ses activité théâtrales ! Nous lui adressons toutes nos félicitations pour cet aboutissement et sommes impatients de pouvoir lire son travail. Le résumé ci-dessous, qu’elle a rédigé, montre bien l’ambition et la richesse intellectuelle d’un travail, qui est à la fois profondément incarné dans ses expériences.

Le rituel universitaire de la soutenance de sa thèse sera l’occasion de la réception de ce travail dans le cadre de la communauté scientifique interdisciplinaire des études théâtrales. Cet événement aura lieu lundi 20 novembre à l’Université Paris 8 à Saint Denis. Il n’est malheureusement pas ouvert au public du fait de la petite taille de la salle disponible.

Poïétique du geste de l’acteur au théâtre – Thèse sous la direction de Madame Katia Légeret. Laboratoire de rattachement : Scènes du monde, création, savoirs critiques – UFR : Arts, philosophie, esthétique

Membres du jury :

  • Nathalie Coutelet, professeure, Université Paris 8.
  • Katia Légeret, professeure, Université Paris 8.
  • Doina Petrescu, professeure, Université de Sheffield
  • Jean-Pierre Triffaux, professeur, Université Côte d’Azur

 

Résumé :

La présente thèse trouve son origine dans la pratique du théâtre et du métier d’actrice de son autrice ; elle vise à penser la nature du geste, et plus particulièrement celle du geste théâtral dans une perspective cosmologique, anthropologique et historique.

En prenant appui sur l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, la philosophie taoïste, la logique antagoniste de Stéphane Lupasco et ses développements par Basarab Nicolescu, elle envisage le corps humain comme « le microcosme qui réverbère le macrocosme », c’est-à-dire comme étant régi par les lois même de l’univers et de la nature, ce qui fait l’objet de la première partie.

En s’arrêtant sur les conséquences de la verticalisation de l’humain et de son inachèvement à la naissance (néoténie), la seconde partie pointe les particularités d’un comportement d’espèce qui conduit l’humain à intégrer ses traits invariants (verticalisation, bipédie, langage) et particuliers (cultures) par le biais d’un processus d’apprentissage qui le singularise et le caractérise : le geste mimique.

La troisième partie examine – à partir du théâtre grec antique et à l’aune notamment de la pensée de René Girard – comment le théâtre, en représentant à la fois le peuple (à travers le chœur) et l’ancien sacrifié (à travers l’acteur) opère le prolongement de la scène rituelle ainsi que sa mise à distance pour le spectateur (ancien lyncheur). Cette évolution informe en profondeur les « techniques du corps » (Marcel Mauss) de l’acteur, qui retourne optiquement l’ancienne aire sacrée pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. L’inscription corporelle de ce paradoxe est évoquée à travers les techniques de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention ; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, comme dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases et principes du théâtre indien).

L’ensemble de cette thèse vise à interroger les conditions par lesquelles le geste de l’acteur et l’art du théâtre tout entier pourraient contribuer à une ré-instauration de la poïèsis (art ou acte de fabriquer) dans nos vies marquées par la disparition accélérée – au profit des seules technologies exosomatiques – des techniques gestuelles, corporelles et relationnelles constitutives de notre humanité.

 

Présentations publiques

Vous aurez l’opportunité d’entendre et de voir Muriel Roland partager les fruits de son travail à deux occasions.

  • Samedi 18 novembre (16 h 15-17h) : “De l’homme sans geste au monde sans homme ? Technique versus technologie”

A Paris ou en visioconférence, Muriel Roland présentera cette facette de sa thèse qui questionne les impacts des nouvelles technologies, dans le cadre du séminaire organisé par l’Association Marcel Jousse : “Le geste à l’ère du numérique” (14h-18h).
Pour en savoir plus

  • Mardi 5 décembre (13 h 30-14h45) : “Les trois corps de l’acteur, enraciné-suspendu, entre transe et maîtrise”

Cette conférence gestuée aura lieu au Théâtre L’Echangeur à Bagnolet, dans le cadre des Rencontres publiques autour du Vaudou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation. Elle abordera de nombreuses thématiques de ses recherches. Elle sera suivie d’une courte pratique (pour les volontaires) et d’une discussion.

Si le trac est le souvenir corporel d’une ancienne traque ; si tragédie, « chant du bouc » (émissaire) signifie d’abord le chant rituel accompagnant le sacrifice du bouc aux fêtes de Dionysos à l’époque archaïque ; « si le théâtre est fait pour permettre à nos refoulements de prendre vie » (Antonin Artaud), nous pouvons considérer l’acteur comme le fantôme de la victime sacrificielle, relevé de son cadavre, revenant jouer « comme un supplicié que l’on brûle et qui fait des signes sur son bûcher » (Antonin Artaud). Ceci éclaire la fabrique de nombreuses « techniques du corps » de l’acteur qui retourne optiquement l’ancienne aire rituelle pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. C’est l’inscription corporelle de ce paradoxe qui sera ici explorée, à travers l’évocation gestuelle de l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases du théâtre indien) ainsi que dans le texte de Heinrich von Kleist Sur le théâtre de marionnettes.

Cette présentation s’inscrit dans le cadre des rencontres publiques autour du vodou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation : Interventions scientifiques, artistiques et projections de films anthropologiques avec des enseignants chercheurs d’universités françaises et haïtiennes – LUNDI 4 & MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 13h30 > 19h00

Réservation gratuite en ligne pour les rencontres

Autres activités autour des arts vivants du vodou haïtien

Muriel Roland collabore depuis quelques années avec des chercheurs explorant les arts de la transformation, sur et en dehors de la scène théâtrale. Nous relayons donc à sa demande l’annonce des autres activités prévues sur ce thème au théâtre de Bagnolet.

Programme général

Pour réserver gratuitement (et rapidement), cliquez sur les liens ci-dessous :

  • SAMEDI 2 & DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2023 | 10h00 > 13h00
    Ateliers pratiques de chants et danses vodou haïtien
    Dirigés par Mambo Ninie et 4 artistes haïtiens des communautés du vodou Madame Nerval et Legphibao

Réservation gratuite en ligne pour les ateliers

  • MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance sur la piété et l’échange entre les hommes et les dieux
    De Stéphane Poliakov & Hugues Badet

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • MERCREDI 6 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance. Action rituelle
    Laboratoire international des arts de la transformation ; rituels du vodou haïtien et tragédies grecques et classiques françaises
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie, Sarah Periquet. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Franchir la barrière
    Performance. Action rituelle
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • 9-13 JANVIER 2024
    Les Bonnes – Matériau
    Performance. Spectacle
    Institut Grotowski de Wroclaw et Atelier Wachowicz/Fret
    Avec Marie Suze Jean Baptiste, Katya Egorova, Elisa Guarraggi, Aleksandra Kugacz-Semerci, Monika Wachowicz, Marie Walker, Gey Pin Ang.

Présentation et réservation

(Français) Au programme des rencontres 2023

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Comme l’an dernier, nous proposons nos rencontres annuelles ouvertes à toutes et tous avec une double modalité de participation, soit à Paris, soit via Zoom. Elles auront lieu samedi 18 et dimanche 19 novembre. En voici le programme prévisionnel !

Toutes les activités sont regroupées cette année dans le même lieu, au 92 bis Bd du Montparnasse – 75014 Paris.

Rejoindre la visioconférence :

https://us06web.zoom.us/j/87664222042?pwd=dDZVKzNNSmZ3MUNIMks4UnVzMURCQT09
ID de réunion: 876 6422 2042   –   Code secret: 464769
Pour suivre par téléphone, recherchez le numéro en fonction de votre pays : https://us06web.zoom.us/u/kd5lahFMAP

 

Pour adhérer ou renouveler votre adhésion à l’association

Séminaire Le geste à l’ère numérique

Que de changements dans notre univers technique et médiatique depuis les derniers cours de Jousse dans les années 1950 ! Chaque génération d’enfants a grandi dans un monde différent de celui de ses parents, et ce n’est pas terminé ! L’anthropologie du geste et du rythme de Jousse – aussi appelée anthropologie du mimisme – nécessite donc une actualisation pour être pleinement opérante et signifiante auprès de nos contemporains.

Voici quelques questions qui seront en toile de fond de notre réflexion.

  • Comment la méthode et la terminologie joussienne peut-elle nous être utile pour mieux comprendre nos usages des médias et des techniques, et les effets qu’ils ont sur nous en tant qu’individus et en tant que cultures ?
  • En quoi ces évolutions sociales, mais aussi l’évolution des sciences, nécessitent-elles de prolonger la pensée de Jousse en la complétant ou la rectifiant ? Comme il y invitait ses auditeurs : retournez au réel, mes paroles ne sont que des panneaux indicateurs…
  • Cette pensée actualisée peut-elle servir de fondement à une critique – au nom de l’anthropos, c’est-à-dire l’Homme vivant – de certaines de ces évolutions technologiques et des idéologies qui les accompagnent ?
  • Sur quels outils gestuels pouvons-nous nous appuyer pour conserver ou reconquérir notre puissance vivante d’êtres humains face à la puissance matérielle des machines ?

Accueil à 14h – Introduction du thème : Titus Jacquignon

14h30 – Thomas Marshall : Percevoir les gestes du numérique, en dessous des mots

Cette présentation propose un essai d’utilisation de la méthode de l’anthropologie du geste pour décrire ce que sont les technologies numériques, en dessous des mots conventionnels utilisés pour les nommer : quels sont leurs gestes caractéristiques et leurs gestes transitoires ? De quoi sont-elles des gestes analogiques ? Quelles histoires nous racontent le vocabulaire du numérique ? L’industrie numérique met-elle en place une stratégie de colonisation culturelle ? Je partirai de mon expérience pour prendre conscience de ce que le mimisme humain fait du numérique, et ce que le numérique fait du mimisme humain. Il sera question de simulation, de simulateurs et de simulacres.

15h à 15h15 : Échanges avec l’intervenant

15h15 – Rémy Guérinel : Une prise en main artisanale des outils numériques – de la machine à écrire augmentée à la bureautique digitale

Mon expérience professionnelle a constitué principalement à accompagner des collaborateurs en entreprise face au changement technologique. Le déploiement des nouvelles applications, qualifiées successivement de micro-informatiques, de bureautiques, de numériques et de digitales, a été progressif, ininterrompu et constamment accéléré. Ma recherche sur l’approche anthropologique singulière de Marcel Jousse s’est faite en parallèle.
Mon milieu professionnel a été pour moi un “laboratoire de prise de conscience”. Mon approche singulière actuelle sur ces sujets se résume en un fait simple : ces éléments “virtuels” nouveaux peuvent être considérés comme des outils à prendre en main comme un artisan traditionnel prend en main un outil face à un matériau brut. Cette analogie se révèle être le fil conducteur de ma pratique.
En cela, rien de neuf, “l’homme est un complexus de gestes”. Face à la nouveauté, il s’agit plus ou moins de monter des gestes nouveaux, dans le changement, de les démonter et de les remonter. Par contre, ces nouveaux outils et matériaux, moins visibles, sont plus complexes à saisir et à empoigner.

15h45 à 16h : Échanges avec l’intervenant

16h00 – Pause

16h15 – Muriel Roland : De l’homme sans geste au monde sans homme ? Technique versus technologie

L’inachèvement natif de l’Anthropos, en le privant de comportement d’espèce (instinct naturel), l’oblige à apprendre par le geste mimique, un comportement culturel constitué de « techniques du corps » (Marcel Mauss), les unes universellement humaines (verticalisation, bipédie, langage), les autres propres à sa communauté (langue, savoir-faire quotidien et artisanal, tradition).
Si c’est bien « la Technicité qui fait l’homme » (André Leroi-Gourhan), que nous nous auto-produisons nous-mêmes par le geste interactionnel, quelles sont les conséquences du surdéveloppement des technologies exosomatiques, rendu possible par le numérique, qui font de nous les exécutants d’un monde préfabriqué dans lequel nous nous trouvons sommés de vivre dans une réalité que nous ne pouvons plus co-œuvrer, ni somatiser par le geste ? N’est-ce pas là la promesse d’une réduction drastique des savoir-faire, savoir-être, savoir-sentir et savoir-penser humains que cette même technologie se propose alors « d’augmenter » par ses propres avatars (algorithmes, IA, smart cities, QR codes, nano-puces sous-cutanées, implants cérébraux, robotisation, etc.) ? Si, comme le dit Marcel Jousse, « le geste, c’est l’homme », que peut-il advenir de lui s’il est privé du geste ?

Cette présentation reprend une partie de la thèse de doctorat de Muriel Roland, dont la soutenance aura lieu lundi 20 novembre ! Bravo à elle pour cet accomplissement.

16h45 à 17h : Échanges avec l’intervenante

17h – Gabriel Bourdin : Pensée gestuelle et algèbre numérique

Jousse a conçu le déroulement de la pensée humaine comme une séquence de styles expressifs. Cette séquence n’est pas linéaire. Les styles expressifs concourent, se chevauchent et fusionnent en unités mimodramatiques multimodales. L’anthropologie du geste reconnaît l’interaction de ces styles dans l’humanité d’aujourd’hui, même si les ressources gestuelles de l’expression et de la pensée sont souvent atrophiées par la pédagogie moderne de tradition livresque. En effet, et malgré l’algébrose de la pensée moderne et écrite qui prévaut dans la société occidentale ou occidentalisée, l’individu moyen reste une manifestation plus ou moins congruente de tous ces modes d’expression combinés. Sauf handicap éventuel ou carence psychosociale et éducative, nous pouvons encore tous chanter, danser et inventer de petites histoires comiques lors d’une fête. Cependant, le spectre de la déshumanisation par ce que l’on peut appeler une civilisation technologique basée sur des circuits logiques-numériques nous guette.
L’anthropologie du geste peut-elle nous apporter de la lucidité face aux promesses de l’idéologie transhumaniste et de ses applications technologiques ?

Résumé de la présentation en 1 page (français, espagnol, anglais)

17h45 – Clôture du séminaire

18h – Fin

 

Rencontre de l’Association Marcel Jousse

Dimanche 20 novembre de 10h à 17h

Accueil à partir de 10h

10h30-11h30 : Assemblée générale

  • Présentation du rapport moral et du rapport financier, suivis du vote des adhérents.
  • Échanges à propos des projets de l’association.
  • Retours sur la mise en place de l’Espace membres sur marceljousse.com

11h30 : Interventions

Voici le programme prévisionnel. La journée sera animée par Thomas Marshall. Son objectif est de mettre en valeur les travaux des membres qui contribuent à réaliser la mission de l’association, ainsi que de favoriser la réflexion, les échanges, les collaborations.

11h30 – Clara Vasseur : A propos de la publication récente de son livre « Marcel Jousse, lecteur de Bergson »

Cet ouvrage est dérivé de la thèse de doctorat en philosophie qu’elle a soutenu en décembre 2019 à l’Institut Catholique de Paris sous le titre “Marcel Jousse, philosophe, Dialogue avec Bergson.” Il a été publié chez Beauchesne, l’éditeur du Style oral de Jousse en 1925, désormais intégré dans le groupe Le Cerf.
Elle nous en parlera via Zoom depuis l’Allemagne, où elle vit.

12h15 : Déjeuner

Un déjeuner est prévu sur place (plateau-repas sur commande ou repas sorti du sac).

Le déjeuner consistera en : une grande salade mélangée, un dessert et une boisson. Café et thé compris. Participation : 12 euros.
Merci de vous inscrire pour le déjeuner avant le vendredi 10 Novembre : en envoyant votre chèque de 12 €, à l’ordre de Association Marcel Jousse, à Elisabeth d’Eudeville, 108 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris.

14h – 17h : Suite des interventions et des échanges

avec :

14h – Pierre Perrier : « De Marcel Jousse à Michel Zink » – De la venue de la tradition orale de Simon Képha (Pierre) à Rome jusqu’en Gaule et jusqu’au Moyen-Âge.

15h – Florence Louvet, de retour d’un voyage de recherche sur les traces de Marcel Jousse aux USA.

15h30 – Ateliers de réflexion en petits groupes

16h45 – Clôture des rencontres 2023

Publication of “Marcel Jousse, lecteur de Bergson”

We are delighted to announce the publication by Editions du Cerf of this book by Elisabeth (Clara) Vasseur. It is derived from the doctoral thesis in philosophy she defended in December 2019 at the Institut Catholique de Paris under the title “Marcel Jousse, philosophe, Dialogue avec Bergson.”

Here’s the translation of the presentation given on the publisher’s website:

Jousse – he found a seam, as they say,” confides Bergson in an interview with Lydie Adolphe.
The relationship that Marcel Jousse, researcher, teacher and churchman, maintained with the philosopher Henri Bergson throughout his forty-odd years of teaching is paradoxical, to say the least. Between admiration and rejection, Jousse claimed “his” reading of Bergson. Free and inspiring, often critical, even verging on caricature, this invigorating reading acts in return on the reader, whether a connoisseur of Bergson’s work or not. According to Jousse, the bodily-manual gesture, the global gesture, lies at the heart of the philosopher’s thought. Bergson plays out his thoughts with his hands, with his whole body, before throwing them into his books. Knowledge of the anthropological laws of oral style formulated by Jousse enables us to better grasp the particularity of Bergson’s style, which is close to Péguy’s and resembles the oral style of rhythmo-mimeurs. Jousse and Bergson: two names that left their mark on their era. The strong bond that unites the two thinkers is at the heart of this investigation – which could also be described as a “quest” – that is both philosophical and historical. This book joins the long list of “Bergson readers”, whether or not they are Bergsonians.

Élisabeth Vasseur has a PhD in philosophy and lives in Germany. She has contributed to making Marcel Jousse’s work better known, particularly in Germany.

This publication is the culmination of a long period of work by the author, which began in 2016 with the establishment of a co-supervision for her thesis between the Institut Catholique de Paris and the Catholic University of Eichstätt-Ingolstadt in Germany. Her research work was supervised by Professors Emmanuel Falque and Walter Schweidler. She also helped develop a link between the Association Marcel Jousse and the Institut Catholique de Paris, culminating in the reception of the Jousse archives by this institution, and the publication on this occasion of a volume of the journal Transversalités entirely devoted to Marcel Jousse.

Her work received financial support from the Association Marcel Jousse. Through this research, we felt it was important to continue forging links between Marcel Jousse, perceived as an unclassifiable Jesuit researcher, and the intellectual history of the 20th century. If, a century later, his work seems more the fruit of an isolated trajectory, it is important to emphasize that Jousse maintained numerous dialogues during his lifetime, directly or indirectly, with leading French thinkers and researchers of his time.

Rémy Guérinel, for example, showed the importance of his links with his masters at the Collège de France, psychologist Pierre Janet and Abbé Rousselot, founder of experimental phonetics, two important but somewhat forgotten figures.
Clara-Élisabeth Vasseur has had the courage to tackle the philosophical and historical links between Jousse and Bergson, the most renowned French philosopher when Jousse began teaching in 1931. As she explained in a 2020 presentation (available on video for association members), she didn’t do “the thesis on Jousse and Bergson” but “a thesis” on the subject, hoping to arouse interest and be followed by others. With only 3 years to complete her project, she had to choose certain paths and discard others.

Yet her work is not lacking in ambition: the author draws on a sound knowledge of both Bergson’s and Jousse’s work; but she has not stopped at a comparative exegesis of the writings of these two thinkers. In an investigative approach, she has also sought to cross-reference and link what Jousse says about Bergson in his lectures, what Bergson’s collaborator Lydie Adolphe says about Jousse, and traces of this intellectual relationship preserved in the archives of both, published along with other unpublished material in the book’s appendix. The reader will find numerous extracts from lectures on Bergson given by Marcel Jousse at the Sorbonne. One of these lectures is entirely devoted to Bergsonian intuition.

It is to be hoped that this book will help to foster a dialogue between those interested in the work of the anthropologist of gesture and those interested in the work of the philosopher!

Thomas Marshall

Member of the Board of the Association Marcel Jousse

(Français) Formation à la pédagogie Jean Qui Rit pour la lecture et l’écriture

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Apprendre à lire et à écrire par le geste, le rythme et le chant

“Les enfants de 5 ans sont pleins d’énergie et très demandeurs d’activité. Ils aiment jouer, se balancer d’une jambe sur l’autre… Ce mouvement étant naturel, nous allons le mettre au service de la lecture et de l’écriture.”

C’est ainsi que sont introduits les principes de la pédagogie Jean Qui Rit sur leur site internet. Elle a été développée en 1954 par Marie-Brigitte Lemaire (1931-2022), au début de sa carrière d’institutrice. Son efficacité a été reconnue, cette pédagogie a pu être diffusée dans de nombreux pays francophones et même au-delà.

Marie-Brigitte Lemaire s’est notamment inspirée des travaux anthropologiques de Marcel Jousse qui lui serviront “d’étincelle pour ses propres travaux”. Elle s’est également appuyée sur le Manuel de la phonomimie ou méthode d’enseignement par la voix et par le geste inventée par Augustin Grosselin. Mais le moteur de sa démarche a été sa propre expérience de jeune institutrice :

A la fin de l’année scolaire, j’étais catégorique : jamais je ne ferai une autre année comme celle-ci ! Pourquoi, alors que tous savaient lire et écrire ? Parce que ces enfants plein de vie ne devaient pas bouger, ils devaient seulement « regarder et écouter » et bien sûr « redire »

Aujourd’hui, l’association Pédagogie Jean Qui Rit continue à former les enseignants lors de stages de formations chaque été.

Voici les dates et conditions pour s’inscrire à une formation.

Lors de l’été 2023, des stages sont proposés à Asnières-sur-Seine (au nord de Paris) et à Bourrou (en Dordogne).

Merci à Joséphine Peschaud, Directrice de la Maison Jacques Sevin à Bourrou, de nous avoir fait connaître l’actualité de cette méthode !

(cliquez sur l’image pour voir et télécharger l’affiche)

(Français) Titus Jacquignon au colloque SCÈNE(S) – 10 et 11 mai 2023

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La Manufacture des Tabacs – Université Jean Moulin Lyon 3 a accueilli mercredi 10 et jeudi 11 mai un colloque interdisciplinaire, co-organisé par Claudine OLIVIER et Laurent FAURÉ. C’est là qu’avait eu lieu le colloque sur Marcel Jousse en 2011, A la recherche de l’Homme vivant.

Titus Jacquignon, docteur en sciences du langage et membre du bureau de l’Association Marcel Jousse, y est intervenu jeudi à 16h30 sur le thème :

La scène Marcel Jousse : le style professoral corporel-manuel-oral et sa réception

Sur la base de l’étude approfondie qu’il a faite pour sa thèse récemment soutenue à Bordeaux, Titus Jacquignon a mis en lumière le Style professoral corporel, manuel et oral de Marcel Jousse, professeur d’anthropologie du geste et du rythme, à Paris, entre 1931 et 1957. Il a expliqué la pertinence de ce style très personnel sur le plan pédagogique et par rapport au sujet même de son enseignement, mais aussi les problèmes de réception, ambiguïtés et confusion possible de la part des publics concernés.

En attendant la publication de cette communication dans les Actes du colloque, cet article très éclairant est partagé par Titus sur l’Espace réservé aux membres.

Pour découvrir le programme

(Français) Les recherches sur la poésie orale autour d’Antoine Meillet : Jean Paulhan, Marcel Jousse, Milman Parry

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Pierre-Yves Testenoire, Maître de Conférences en Sciences du langage à la Sorbonne, vient de publier sous ce titre un article dans la revue Histoire Épistémologie Langage. Il a également écrit l’article de présentation de ce dossier thématique “Linguistique et anthropologie au début du 20e siècle”. Le dossier est composé de 4 articles étudiant les liens entre ces disciplines, alors récentes, à travers les positions de chercheurs répartis dans les communautés scientifiques suivantes : nord-américaine, allemande, française et britannique.

Voici le résumé de l’article publié par son auteur :

“Cet article porte sur trois recherches autour de la poésie orale menées dans le premier tiers du xxe siècle : le travail de Jean Paulhan (1884-1968) sur la poésie populaire traditionnelle à Madagascar, l’anthropologie linguistique de Marcel Jousse (1886-1961) et les recherches de Milman Parry (1902-1935) sur la composition formulaire des poèmes homériques. Ces trois recherches ont en commun d’avoir été dirigées ou en partie inspirées par Antoine Meillet (1866-1936). Elles sont une des manifestations concrètes de l’ambition portée par Meillet de faire dialoguer la linguistique avec l’ethnographie. L’article présente la spécificité de ces trois recherches mais aussi ce qui les réunit dans un objectif commun de décrire ou de théoriser l’oralité poétique. On s’intéresse, en particulier, à l’apport de l’enseignement de Meillet dans ces trois entreprises ainsi qu’à l’accueil qu’il leur réserve dans ses comptes rendus pour les Bulletins de la Société de linguistique de Paris. L’objectif est aussi d’évaluer la contribution de Meillet à l’émergence du concept de « formule » qui prend corps à travers ces travaux et qui deviendra la pierre angulaire des théories oralistes.”

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Il est intéressant que Pierre-Yves Testenoire reprenne des extraits de cours de Jousse dans lesquels ce dernier parle d’échanges qu’il a eu avec Meillet. Notons que Jousse ne présente pas ce dernier comme l’un de ses maîtres, au même titre que Pierre Janet en psychologie, Marcel Mauss en ethnologie et l’abbé Rousselot en phonétique expérimentale – chercheurs dont il a suivi les enseignements à Paris suite à son retour des États-Unis en 1919. En revanche, Jousse s’appuie sur l’autorité scientifique de ce linguiste reconnu, de 20 ans son aîné, afin de montrer à son auditoire que ses travaux sont pris au sérieux – Meillet ayant notamment publié un compte-rendu du Style oral (1925). Hier comme aujourd’hui, un chercheur n’est rien sans la reconnaissance que d’autres chercheurs lui accordent. Et cela d’autant plus pour Jousse, qui est un “franc-tireur” en sciences humaines, sans poste universitaire, proposant rien de moins que la création d’une nouvelle science !
A ce titre, il est précieux que les travaux de Pierre-Yves Testenoire contribuent aujourd’hui à réintégrer, dans une histoire de la linguistique marquée par l’héritage de Saussure, ce courant d’études de l’oralité du début du 20° siècle dont fait partie Marcel Jousse.
Vous pouvez également lire le rendu compte d’un autre texte intéressant de Pierre-Yves Testenoire intitulé : Une sémiologie sans signe : Marcel Jousse et la linguistique de son temps

Thomas Marshall et Titus Jacquignon,
membres du Bureau de l’Association Marcel Jousse

(Français) De l’actualité du paysanisme

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Marcel Jousse (1886-1961) fonde une méthode anthropologique originale au début des années 30 : l’anthropologie du geste et du rythme, qu’il enseigne en Sorbonne et dans d’autres établissements parisiens jusqu’en 1957. Le paysanisme figure parmi les éléments constitutifs de sa méthode. Le terme peut paraître étrange. Le professeur Jousse s’en explique : « Nous avons donné au mot “paysan” un sens universel. (…) Être paysan, c’est être in-formé par son pays. » (cours du 28/01/1955)

L’Association Marcel Jousse a souhaité mettre en avant ce thème lors d’un séminaire public qui a eu lieu le 19 novembre 2023 dans les locaux de l’Institut Catholique de Paris. Edgard Sienaert (Afrique du Sud) a organisé ce séminaire. Le grand intérêt suscité par ces communications auprès de l’auditoire nous incite à les publier ici, en vidéo et/ou en textes. Nous pourrons également enrichir ultérieurement cette page d’autres apports.

Paysanisme

Nous vous invitons à découvrir un aspect de l’anthropologie joussienne qui se révèle être particulièrement en prise avec notre actualité écologique : une anthropologie de l’habitant et de l’habitat, du pays et du paysage, en interaction – l’habitant habite et modèle son paysage, le paysage habite et modèle les habitants. Marcel Jousse a élargi et approfondi ce thème du pays et du paysan en le situant à la racine d’une anthropologie de la connaissance et de l’expression et aux fondements de la culture ; le thème du paysanisme représente aussi une entrée pour comprendre le style d’enseignement du professeur Jousse et introduit à sa méthode anthropologique.

Le point de départ proposé pour cette exploration est un extrait du cours de Jousse à l’École d’Anthropologie, le 23 janvier 1950 :

Si nous adhérons au pays, c’est que nous adhérons au Paysage …
Toute cette clarté, tous ces élancements de peupliers, toutes ces haies si bien divisantes, toutes ces routes si bien conduisantes, comme tout cela nous a formés !
Taine disait qu’il fallait rechercher la terre dans la formation des esprits. Je le crois bien ! Que serions-nous donc si les gestes de la terre ne nous avaient pas modelés !
Si vous voulez comprendre le Joussisme, qui est le Mimisme à sa proie attachée, allez sur le petit pont de Beaumont et regardez la Sarthe avec ses peupliers reflétants et reflétés, en écho chosal.
Allez à St Christophe-du-Jambet, où ma mère a été élevée, et vous saurez ce que c’est qu’une Université paysanne, maîtresse d’elle-même parce que coordonnée.
Le Paysanisme, adhérent au Pays, adhérent au Paysage, adhérent aux Paysans.

 

Titus Jacquignon

« Paysan et fier de l’être : une “pride“ rurale et conservatrice ou un geste méthodologique et un style d’enseignement ? »

 

Gabriel Bourdin

Vidéo : « Les cabañuelas : la prévision du temps et ses proverbes »

 

Article : « Les cabañuelas : la prévision du temps et ses proverbes »

 

Muriel Roland

« Le paysanisme ou la co-création du monde par un anthropos oeuvrier »

 

Ressources

Le sens concret de “pays”  (citations tirée d’un cours de Jousse).

L’anthropologie du geste et les proverbes de la terre par Adolphe Thomas, Revue Anthropologique (1941).

Songlines : une exposition au musée du Quai Branly à Paris, issue des communautés aborigènes d’Australie contemporaines (4 avril – 2 juillet 2023) :
Les peintures y sont porteuses des connaissances concrètes et analogiques des Aborigènes sur leurs territoires ancestraux, leurs “pays”.
Margo Neale, commissaire générale de l’exposition, explique dans une interview (page 4) :

Dans la vision aborigène du monde, le territoire n’a pas le même sens que pour le monde occidental, où il renvoie simplement à une géographie ou à une surface physique. Pour les populations aborigènes, le Pays est un concept multidimensionnel qui inclut tout. Il n’y a pas de distinction entre les mondes animé et inanimé. Tout est vivant, tout a sa place : les gens, les animaux, les plantes, la terre, l’eau et l’air. Le Pays a été créé par des êtres ancestraux qui s’incarnent dans les particularités d’un paysage.

(Français) Le sens concret de “pays”

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C’est ce sens-là que nous avons quand nous parlons de tel ou tel qui a vécu dans notre province : « C’est un pays ». « C’est une payse ». [Personne originaire du même village, de la même région qu’une autre personne]
C’est l’expression que nous avions autrefois pour les soldats, en culottes rouges, qui se promenaient accompagnés de nourrices. C’était toujours une « payse ». [par extension, une fiancée] (…)
Je suis du même pays. Qu’est-ce que c’était que ce pays ? C’était ce qui était entouré par un cercle de forêts. Les Gaulois, pour être chez eux, brûlaient une certaine étendue autour de leur territoire. On ne cultivait pas ce cercle, et alors, il poussait d’abord des arbustes et ensuite des arbres, et cela faisait une forêt de protection. Et c’est pour cela qu’avec une certaine naïveté, vous nous dîtes que les Gaulois vivaient au milieu des forêts… (…)
Et au centre de ce cercle, il y a ce que les Romains dans la suite, ont appelé l’oppidum. L’oppidum, là où, en cas d’invasion, on pouvait se réfugier.

Extraits d’un cours de Marcel Jousse à la Sorbonne, le 4 janvier 1945

Jousse est originaire de la Sarthe, territoire où vivaient les Aulerques Cénomans, autour de l’oppidum de Cenomani (aujourd’hui Le Mans), devenu romain en l’an – 56.

Qu’est-ce que sont donc les Pagani ? Les gens du pays, les gens du Pagus. (…)
les rhéteurs nous ont appelé les Pagani, par dérision, les « païens ». Nous sommes les païens, c’est-à-dire ceux qui sont restés fidèles à l’Invisible au milieu des forêts de leur pays.

Extrait d’un cours de Marcel Jousse à la Sorbonne, le 1er mars 1945

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