chercheur, anthropologue, pédagogue

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(Français) Retour en vidéo sur Geste’Stations (2016)

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Geste’Stations – Les saisons du geste en scène – Opus 1
Journée d’étude autour de Marcel Jousse en compagnie d’Edgard Sienaert :
Rejouer les gestes de l’Univers

Edgard Sienaert entouré d’une vingtaine d’artistes-chercheurs qui ont proposé de multiples échos, au travers de courtes performances artistiques, démonstrations, mini-ateliers, chansons…

Cette journée du 28 mai 2016 a été filmée et un montage a été réalisé en deux vidéos :

  • la première rassemble des extraits des interventions artistiques et pédagogiques (durée 1h08)
  • la seconde rassemble les communications d’Edgard Sienaert faites tout au long de la journée, ponctuées d’extraits de cours de Marcel Jousse lus par Gérard Rouzier  (durée 55 minutes)

C’est là : http://www-artweb.univ-paris8.fr/?Geste-Stations-Les-saisons-du

Les  intervenantes et intervenants :

Jean-Michel Daganaud, comédien, metteur en scène, professeur de placement du corps et de la voix
Lina Do Carmo, chorégraphe, danseuse-mime, doctorante
Régine Géraud, mime, comédienne, coach, performer
Marcos Malavia, acteur, metteur en scène
Géraldine Moreau, mime, médiatrice culturelle
Frédéric Pagès, chanteur, comédien, pédagogue
Marie Potapushkina-Delfosse, professeure des écoles, docteure en sciences du langage
Muriel Roland, actrice, metteuse en scène, doctorante
Gérard Rouzier, comédien
Elena Serra, pédagogue, metteuse en scène et comédienne
Laurence de Sève, chanteuse
David Sire, chanteur
Érico José Souza de Oliveira, metteur en scène, chercheur
Alain d’Ursel, kinésithérapeute
Nadia Vadori-Gauthier, artiste de performance, praticienne somatique, docteure en esthétique, EDESTA, EA 1573, Paris 8
Clara-Elisabeth Vasseur, philosophe
Olivier Viaud, danseur
Claire Willemann, plasticienne

Suite à cette journée, Edgard Sienaert a publié un article intitulé “Le geste doit précéder la parole. De l’anthropologie du mimisme de Marcel Jousse” dans la revue Degrés (Bruxelles). Il s’agit du n°171-172, automne-hiver 2017 de cette revue de sémiologie, sur le thème “L’interdisciplinarité entre recherche et création”.

On y trouve aussi un article de Nadia Vadori-Gauthier . A découvrir, la présentation de son projet “Une minute de danse par jour” sur You Tube et sur son propre site.

Merci à Muriel Roland (Compagnie SourouS / Université Paris 8) d’avoir initié et coordonné ce projet jusqu’à cette belle restitution.

(Français) 2 pièces de théâtre à découvrir dimanche 12 mars à Ivry

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Vivant dans un monde où l’expérience, l’art, la recherche scientifique se sont isolés les uns des autres, les décisions des politiques urbaines, sociales, culturelles, écologiques, de santé sont prises par des experts, des professionnels de façon détachée de l’expérience vécue de ceux qui sont les « bénéficiaires » de leurs programmes. C’est ainsi que de nombreux dispositifs, pourtant pleins de bonnes intentions, s’avèrent souvent contre-productifs, voir néfastes pour leurs “bénéficiaires”.  Il nous paraît fondamental que les acteurs, c’est-à-dire les personnes ayant l’expérience de ce qu’elles vivent, participent non pas seulement au choix entre plusieurs solutions proposées clefs en main par des spécialistes (comme c’est souvent le cas dans les événements dits “participatifs”), mais soient reconnues dans la légitimité de leurs savoirs, et contribuent aux recherches, à la production des savoirs au côté des chercheurs, afin que soit intégrée leur expérience, vécue dans leur corps, pour en finir avec cette séparation redoutable de la science et de l’expérience pointé par le biologiste Francisco Varela.

La création théâtrale, comme activateur du surgissement d’ une foule de savoirs co-produits, opérant des transformations dans les participants comme dans les artistes, nous semble le lieu idéal de ce laboratoire collaboratif, d’abord parce qu’elle pense par le GESTE, dans le tissage des relations à l’autre qui nous transforment nous-même, agissant sur les savoirs produits comme  sur les esthétiques des artistes. Car peut-on faire société, communauté, collectif, sans faire corps social partageant l’expérience corporelle du geste singulier devenant commun, et du geste commun devenant singulier?

C’est pourquoi, selon l’éclatante révélation de l’enseignement de Marcel Jousse qu’il n’existe de pensée (efficiente, profonde, transformatrice) QUE gestuelle, nous avons toujours mis au cœur de notre travail, d’artistes-chercheurs à la Compagnie SourouS, ce “faire-théâtre” avec les non-professionnels, dans la proximité des vécus, dans les quartiers, les hôpitaux, les lieux de vie du quotidien, pour rompre avec cette algébrose de la science sociale et de l’action artistique surplombantes.

Les deux spectacles que nous jouons le dimanche 12 Mars 2017 au Théâtre El Duende à Ivry témoignent de ce travail.

Venez nombreux !!

Muriel Roland  –  Cie SourouS

Flyer 12 MARS(2-BR) SaxifragesFlyer 12 MARS (BR)

(Français) “In search of coherence” : la première introduction en anglais sur l’ensemble de l’œuvre de Jousse

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Edgard Sienaert a récemment publié son dernier ouvrage intitulé : “In Search of Coherence. Introducing Marcel Jousse’s anthropology of mimism.” (Pickwick Publications, Eugene, Oregon, USA, 2016) Il a eu l’honneur que Werner Kelber, enthousiasmé par le manuscrit, lui ait demandé d’en rédiger la préface.

9781498297967

Marcel Jousse se dit méthodologiste, orienteur, poteau indicateur. Ce n’est pas lui, « En quête de cohérence », c’est lui nous montrant la voie vers une cohérence perdue : l’Homme séparé en corps et âme, l’Humanité divisée en un avant et après l’écriture, et Homme et Humanité à la poursuite d’un progrès technologique qui les sectionne de leur environnement. Jousse plaide pour une triple recomposition : un composé humain, s’exprimant comme un tout, et en échange permanent avec un cosmos qu’il prend en conscience et qu’il conscientise. Il faut une évolution, ni régressive ni progressive, mais une évolution en profondeur, reconnectant le nouveau et l’ancien – bref, une cohérence.

« In search of coherence » est la première introduction de l’ensemble de la pensée et de l’œuvre de Jousse en langue anglaise.

Traduction de la 4ème de couverture :

« L’œuvre de Marcel Jousse sur l’anthropologie du mimisme est un plaidoyer pour un changement radical de civilisation. Dans nos sociétés contemporaines, nous avons décomposé l’être humain entre, d’une part, l’esprit, l’intelligence et l’âme, et d’autre part, le corps, ce qui fait de l’homme un conquérant du monde dans lequel il vit. Jousse plaide, au contraire, pour un réexamen complet du “composé humain”, tant à l’intérieur de chaque personne que dans la relation de l’être humain avec le  cosmos, que d’une certaine manière il “incorpore” et “rejoue” sans le savoir. Jousse préconise une évolution en profondeur de notre approche de ce qu’est l’être humain, une approche qui ne soit ni régressive ni progressive, mais qui rétablisse le lien entre l’ancien et le nouveau, le cosmos et la parole humaine ».

Quelques échos :

« Après « Au commencement était le mimisme », « In Search of Coherence » constitue une nouvelle synthèse splendide de la pensée et de l’enseignement de Marcel Jousse. La loi anthropologique du mimisme nous est présentée comme une théorie unifiant les sciences humaines et dont la recherche de plus de réel établit une cohérence éthique entre la parole humaine et l’action humaine, entre le dire et le faire humain. »
Gabriel Bourdin, Institut de recherches anthropologiques, Université autonome du Mexique.

« « In Search of Coherence » est une borne dans le panorama des études en culture et tradition orales. La profondeur scientifique et l’acribie impressive qui imprègnent son discours herméneutique font du travail d’Edgard Sienaert un indispensable instrument épistémologique, tant pour l’analyse de la contribution de Marcel Jousse aux études en oralité que pour l’enseignement universitaire au sens large. »
Francesco Perono Cacciafoco, Université Technologique Nanyang, École des humanités et des sciences sociales, Section de linguistique et études multilingues, Singapour.

« Les recherches de Marcel Jousse ont ouvert au vingtième siècle des voies modernes pour comprendre les puissances inhérentes à la performance orale. Edgard Sienaert est son traducteur le plus éloquent et son interprète le plus avisé. Ce nouveau livre nous rend un Jousse vivant et nous montre combien nous devenons le plus finement humain quand nous reconnaissons qu’un style est une vertu permanente et non éphémère, quand nous croyons en la cohérence du mouvement et de la métaphore, du corps et de l’esprit. Nous qui célébrons les humanités, avons un devoir de reconnaissance envers à la fois Marcel Jousse et Edgard Sienaert. »
J. Edward Chamberlin, Professeur émérite d’anglais et de littérature comparée de l’Université de Toronto, Canada. Auteur de The Banker and the Blackfoot: A Memoir of My Grandfather in Chinook Country

(English) Oral-Scribal Dimensions of Scripture, Piety, and Practice – Judaism, Christianity, Islam

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couverture

About the book

In April 2008 a conference was convened at Rice University that brought together experts in the three monotheistic religions of Judaism, Christianity, and Islam. The papers discussed at the conference are presented here, revised and updated. The thirteen contributions comprise the keynote address by John Miles Foley; three essays on Judaism and the Hebrew Bible; three on the New Testament; three on the Qur’an; and two summarizing pieces, by the Africanist Ruth Finnegan and the Islamicist William Graham respectively.
The central thesis of the book states that sacred Scripture was experienced by the three faiths less as a text contained between two covers and a literary genre, and far more as an oral phenomenon. In developing the performative, recitative aspects of the three religions, the authors directly or by implication challenge their distinctly textual identities. Instead of viewing the three faiths as quintessential religions of the book, these writers argue that the religions have been and continue to be appropriated not only as written but also very much as oral authorities, with the two media interpenetrating and mutually influencing each other in myriad ways.

Edited by Werner H Kelber, Paula A. Sanders.

(Français) Éléments d’anthropologie biblique – Bertran Chaudet

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M. Bertran Chaudet, diacre permanent, kinésithérapeute, est impliqué dans un service du Diocèse de l’Église Catholique du Mans (Sarthe) consacré aux “Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires”. Dans ce cadre, il donne 2 conférences en octobre et novembre 2016, en référence aux travaux du Professeur Marcel Jousse.

Le Père Marcel Jousse (1886-1961), jésuite originaire de la Sarthe, a donné les clés d’une anthropologie biblique en partant de l’observation de peuples ayant conservé une tradition de transmission orale. Cette anthropologie donne des repères fondamentaux pour une prise en compte globale de notre humanité, sans nous enfermer dans des systèmes clos énergétiques ou ésotériques que l’on retrouve dans les nouvelles thérapies et méthodes de développement personnel.

> écouter la conférence du 19 octobre  (1h10)
réponses à des questions (55 mn)

> écouter la conférence du 16 novembre (suite de la précédente)

(Français) L’oralité des milieux créoles à la lumière des travaux de Marcel Jousse

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C’est le sujet de l’intervention de Daniella POLICE-MICHEL, University of Mauritius, faite le 3 novembre 2016 lors du XVème Colloque International des Etudes Créoles.

« Pourquoi étudier les langues, cultures et sociétés créoles aujourd’hui ? »
Baie Mahault, 31 octobre 2016, 1er, 2, 3 & 4 novembre 2016

Voici le résumé de cette intervention :

Alors que les efforts d’instrumentalisation des langues créoles se multiplient au niveau de l’écrit pour que ces langues prennent leur place en milieux institutionnels, se pose la question des moyens disponibles pour assurer la valorisation de leur oralité ; ce, si l’on veut éviter que les pratiques de ces langues se retrouvent prises dans un paradigme qui confère aux pratiques écrites un statut supérieur aux pratiques orales.
Si la dynamique des langues créoles est sans doute à mettre sur le compte de leur oralité culturelle, cette oralité se prête difficilement aux méthodes d’analyse linguistiques qui ramènent le plus souvent l’objet d’étude à des séquences de formes linguistiques (orales ou écrites).
Or dans le domaine de l’oralité, les formes linguistiques ne sont que des indices du sens véhiculé pour l’essentiel par la parole gestuelle et le contexte (Sperber, 2000) ainsi que par la parole musicale dans une plus forme élaborée.
Nous nous proposons lors de cette communication de présenter quelques aspects fondamentaux de l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, dont l’essentiel des travaux repose sur son expérience de l’oralité paysanne de son enfance et de sa jeunesse, celle des Amérindiens qu’il a fréquentés et celle des enfants qu’il a observés. (Jousse, 1969 ; Lapaire, 2014)
À cet effet, nous nous appuierons sur une analyse du séga mauricien selon l’approche de Marcel Jousse. Celle-ci révèle cette pratique musicale créole comme une parole tri-modale, un lieu de construction et de transmission de connaissance, le lieu d’émergence d’un embryon de culture, d’un nouvel anthropos (Police-Michel, 2006).
Cette pratique de l’oralité prise comme exemple, sera ensuite confrontée au contexte d’une institution telle que l’école afin de faire ressortir à quel point le nouvel anthropos se retrouve dans l’obligation de renoncer aux dimensions de son oralité pour conquérir les institutions d’état.
Nous entendons ainsi soulever la question des moyens à mettre en place pour que la promotion des langues créoles dans les institutions, en particulier dans l’institution scolaire, ne soit pas synonyme de délaissement ou de dévalorisation de leur oralité. Cette question conduit à remettre en cause les systèmes d’éducation fondés sur l’écriture (Terrail, 2009).

Bibliographie sommaire

  • Calvet, L.-J. (1984). La tradition orale . Paris: PUF.
  • Jousse, M. (1969). L’Anthropologie du geste. Paris: Les Éditions Resma, 1969, 395 pp. Édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, coll. Les classiques des sciences sociales. Université du Québec à Chicoutimi. http://dx.doi.org/doi:10.1522/030181269
  • Sur les pas de Marcel Jousse – La mémoire, le geste et le vivant. Film documentaire réalisé par J-C. Cheyssial et produit par J.-R. Lepaire. Une co-production: Université Bordeaux Montaigne & Association Marcel Jousse. Septembre 2014. https://www.youtube.com/watch?v=_J063QlYcUU
  • Police-Michel, D. (2006). “Le séga traditionnel mauricien : lieu de naissance d’un nouvel anthropos”, In Revue Études Océan Indien. No 37.
  • TERRAIL Jean-Pierre. (2009) De l’oralité. Essai sur l’égalité des intelligences. Paris : La Dispute/Snédit, 286 p.
  • Sperber, D. (2000). « La communication et le sens ». Dans Yves Michaud (éd.) Qu’est-ce que l’humain? Université de tous les savoirs, volume 2. Paris: Odile Jacob. Pp. 119-128

(Français) Autour de Marcel Jousse et du cinéma, focus sur Charlie Chaplin

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"Charlot", Serge Youtkévitch, 1921. Musée du cinéma, Paris. © Bubbles Incorporated SA

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“Charlot”, Serge Youtkévitch, 1921. Musée du cinéma, Paris. © Bubbles Incorporated SA

 

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Pour la première fois sur ce thème, l’association Marcel Jousse a organisé un séminaire public samedi 26 novembre à Paris. Il a rassemblé une trentaine de personnes. Les interventions ont été filmées.

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Le programme

En pratique

Résumés des interventions

Les intervenants

Les ressources documentaires

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Le programme

Ce séminaire est coordonné par Rémy Guérinel (Association Marcel Jousse).
13h30 – Accueil

14h-14h45 – Intervention de Adolphe Nysenholc, docteur en philosophie et lettres, avec la première thèse sur le cinéma en Belgique et la première sur Charles Chaplin dans le monde : Jousse – Chaplin ; Convergences et divergences

14h45 -15h30 – Échanges avec les participants

 15h30-16h – Pause

16h-16h30 – Intervention de Titus Jacquignon, doctorant en sociologie :
Marcel Jousse et le cinéma

16h30-17h – Intervention de Thomas Marshall, docteur en sciences de la communication :
Voir et entendre comment Marie Heurtin, née sourde et aveugle, entra dans le monde du signe

17h-17h30 – Intervention de Christian Bois, cinéaste-auteur, docteur en sciences de l’homme :
La peinture, le cinéma, Jousse et le « comme si »

17h30-18h – Table ronde avec tous les intervenants


 

En pratique

Lieu : 92 Bis Boulevard du Montparnasse à Paris (métro Montparnasse-bienvenue)

Participation libre aux frais

Livres et DVD en vente lors des pauses

Réservation conseillée (40 places)


Résumé des interventions

Jousse – Chaplin ; Convergences et divergences
Nés tous deux fin du 19e siècle en Europe, Charles Chaplin et Marcel Jousse découvrent le geste et son importance expressive, aux États-Unis, – avec le cinéma muet d’Hollywood (1914) pour l’un, dans le langage des Indiens (1917) pour l’autre. Sur cette base, le premier renouvelle un art et le second fonde une nouvelle anthropologie.    Lire la suite

Marcel Jousse et le cinéma
Comment Marcel Jousse prend appui sur le cinéma pour penser une science et une méthode d’observation et d’analyse du geste ; comment il en transfert alors certaines notions-clés – certains gestes techniques aussi – au sein de son anthropologie.

Voir et entendre comment Marie Heurtin, née sourde et aveugle, entra dans le monde du signe
Le problème apparemment insoluble de l’origine du langage est clos. Pour y répondre, Marcel Jousse formula une loi anthropologique qui reste aujourd’hui encore méconnue et incomprise : “L’anthropos est un animal interactionnellement mimeur”. Une démonstration expérimentale à l’appui de cette loi lui fut offerte par la vie de Marie Heurtin, née sourde et aveugle. Son histoire a été mise en scène récemment au cinéma par Jean-Pierre Améris. Ce film donne à voir, à entendre et à sentir comment se développe le mimisme humain… mais on ne peut en prendre conscience que si nous le regardons avec cette question. Dans ce but, mon intervention sera composée à partir de la lecture d’extraits de cours de Marcel Jousse, articulés avec des extraits du film.

La peinture, le cinéma, Jousse et le « comme si »


 

Les intervenants

Adolphe Nysenholc, docteur en philosophie et lettres, avec la première thèse sur le cinéma en Belgique et la première sur Charles Chaplin dans le monde

Titus Jacquignon, doctorant en sociologie, membre du bureau de l’association Marcel Jousse depuis 2015

Thomas Marshall, Docteur en sciences de la communication, membre du bureau de l’association Marcel Jousse depuis 2015

Mes études universitaires à partir du Master ont eu comme objectif d’approfondir la pensée de Marcel Jousse en la confrontant avec les recherches plus récentes en sciences humaines et sciences cognitives. Mon terrain de recherche a été le milieu de l’artisanat, avec la question de mettre à jour les processus de transmission et d’apprentissage qui s’y déroulent, en dehors d’un contexte d’enseignement scolaire centré sur le langage verbal. Depuis 2013, je me consacre à un autre “laboratoire de prise de conscience anthropologique”, à savoir une école pour les jeunes de 3 à 19 ans, dans laquelle ils sont libres de jouer et plus largement de faire tout ce qui les intéresse, à l’intérieur de limites fixées démocratiquement (La Croisée des Chemins).

Christian Bois, cinéaste-auteur


 

Ressources documentaires

La thématique du cinéma traverse toute l’œuvre de Marcel Jousse. Voici quelques documents où elle occupe une place centrale.

La psychologie de la lecture et le cinéma

Ce texte de 4 pages constitue la seconde partie du mémoire Mimisme humain et Psychologie de la Lecture, Geuthner, 1935.

Transcriptions de cours de Marcel Jousse

A propos des cours de Marcel Jousse

© association Marcel Jousse

(Français) Rendez-vous les 27 et 28 mai 2016

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L’association Marcel Jousse vous invite :

Vendredi 27 mai (matin), à Paris :

Rencontre d’échanges et d’approfondissement de l’anthropologie de Marcel Jousse, ouverte à toute personne pratiquant la mémorisation de récitatifs bibliques ou d’autres textes.
Avec la participation d’Edgard Sienaert, chercheur honoraire de l’Université de Bloemfontein, Afrique du Sud.
De 9h30 à 13h – 92 bis Bd. du Montparnasse, 75014 Paris.
A lire : un extrait de cours de Jousse en guise de fil rouge : “le geste doit précéder la parole”
Pour plus d’informations et inscriptions :
Edith de PONTFARCY – edith [arobase] marceljousse.com – 06 71 57 46 13

Samedi 28 mai (après-midi), au théâtre Victor Hugo de Bagneux :

La Compagnie SourouS, l’équipe de recherche EA 1573- Scènes su monde, Création, Savoirs critiques (Axe Esthétique) de l’Université Paris 8, le Théâtre Victor Hugo de Bagneux, le CIRRAS, l’association Marcel Jousse, en partenariat avec le Collectif des Arts du Mime et du Geste, Guytou Prod et l’Association Inde Maha France
Geste’Stations – Les saisons du geste en scène – Opus 1
Journée d’étude
Autour de Marcel Jousse en compagnie d’Edgard Sienaert :
Rejouer les gestes de l’Univers
Edgard Sienaert sera entouré d’une vingtaine d’artistes-chercheurs qui proposeront de multiples échos, au travers de courtes performances artistiques, démonstrations, mini-ateliers, chansons…
Le programme du 28 mai 2016
Activités publiques de 13h30 à 21h 30
Accueil dès 12h30 pour ceux qui souhaitent se restaurer sur place.
Entrée libre – réservation indispensable auprès du Théâtre :  01 46 63 96 66 – reservationtvh [arobase] suddeseine.fr
Accès : 14 avenue Victor Hugo – 92220 Bagneux
L’annonce sur le site du théâtre

(Français) Rapport-synthèse du Bureau de l’Association Marcel Jousse (nov. 2015 à fév. 2016)

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du 7 novembre 2015 au 13 février 2016 – rédigé par Edgard Sienaert

Sommaire :

  • Le nouveau Bureau de l’association
  • Le site www.marceljousse.com
  • Création d’un réseau de correspondants
  • Archives Marcel Jousse-Gabrielle Baron
  • Publications
  • Activités 2016

Le nouveau Bureau de l’association

Le nouveau bureau de l’Association a été élu par son assemblée générale le samedi 7 novembre 2015.

Lors de sa première réunion, à la même date, le bureau a réparti ses fonctions statutaires comme suit :

  • Edgard Sienaert : président
  • Rémy Guérinel : trésorier adjoint
  • Élisabeth d’Eudeville : secrétaire
  • Édith de Pontfarcy : administrateur
  • Thomas Marshall : secrétaire adjoint
  • Titus Jacquignon : administrateur
  • Jacques Schmitt : trésorier

Le bureau tient à rappeler le premier paragraphe des statuts de l’Association, fondée en 1968, qui en définit la raison d’être et qui doit le guider dans sa direction et décisions, à savoir :

promouvoir et développer l’étude et la diffusion fidèle de la pensée du professeur Marcel Jousse, par la connaissance de son œuvre et la continuation de ses travaux, et plus généralement de promouvoir l’étude interdisciplinaire des fondements anthropologiques des traditions orales et de toute pédagogie.”

Le bureau s’est réuni le douze décembre 2015 et le treize février 2016, et a délibéré des affaires suivantes.

Le site www.marceljousse.com

Thomas Marshall est administrateur du site, il est secondé dans cette tâche par Rémy Guérinel.

Le premier travail de Thomas a été de reprendre le contrôle sur le site qui avait été piraté. Il a été obligé en conséquence de le réinstaller entièrement. Puis il a publié l’ensemble des contenus de présentation disponibles, issus pour l’essentiel de la mission qu’il avait effectué pour l’association au premier semestre 2013. Nous vous invitons à visiter le site et à partager si vous le souhaitez vos retours à l’adresse webmaster (arobase) marceljousse.com.

Ensuite, Thomas est parvenu à ce que Google référence de nouveau le site internet. Pour qu’il apparaisse en bonne place dans les recherches des internautes, vous pouvez nous aider si vous avez vous-même un site, un blog ou une page Facebook : créez un lien vers cette adresse !

Une nouveauté : Le site est doté d’un outil permettant l’envoi de lettres d’information à un grand nombre d’adresses courriel. Toutes les personnes intéressées peuvent s’inscrire simplement via la page d’accueil du site et se désinscrire par elles-même si elles le souhaitent.

Nous sommes conscients que le site est encore bien incomplet. La rédaction de nouvelles pages et d’articles demande du temps, et une bonne connaissance des sujets. Aucune compétence particulière en matière de site web n’est requise. C’est pourquoi Thomas et Rémy font appel aux personnes volontaires pour participer à cette tâche !

Par ailleurs, la diversité des pages disponibles sur d’autres sites web quand on tape le nom « Jousse » sur Google est signe que les 2 colloques précédents et les contacts variés commencent à porter leurs fruits.

Quelques pistes envisagées pour l’amélioration du site :

  • Pour faciliter la découverte de Jousse aux néophytes, le bureau préconise de compléter par des présentations grand public, avec des thèmes attractifs et intellectuellement facile d’accès, comme l’enfant ou la pédagogie, l’araméen ancien, le paysanisme ou la méthode paysanne…
  • Il serait aussi utile d’avoir une page répondant de façon simple et concise aux questions fréquentes sur la pensée de Jousse.
    Quelles questions voudriez-vous y voir figurer ?
  • Actualiser la page Wikipédia consacrée à Jousse par un nouveau texte de présentation de Jousse, avec un lien vers l’article d’Albert Petit pour l’Encyclopedia Universalis.
  • Un carrousel d’images sur la page d’accueil.
  • Ce site est équipé pour être multilingue. La partie anglophone est à développer, par la réutilisation des anciens contenus du site d’Edgard en anglais, comme les ‘Dernières Dictées’ en anglais – ‘Memory, memorisers and memorisation in Ancient Galilee’ – directement téléchargeables. Une page d’accueil en espagnol renvoie vers les vidéo des séminaires de Gabriel Bourdin à l’Université de Mexico.
  • Publier tous les ‘plans de cours’ de Jousse sur le site.
  • Numérisation et mise en accès libre sur le site des cinq recueils de cours thématiques réalisés par Edgard sur le mimisme, le rythmisme, l’éducation globale, la mémoire et l’invisible, qui offrent une entrée plus aisée dans l’anthropologie joussienne.
  • Si c’est légalement possible, numériser « Mémoire vivante » (Éditions du Centurion) et le rendre directement accessible sur le site.

Création d’un réseau de correspondants

Afin de favoriser les contacts et les échanges, le bureau souhaite constituer un réseau de correspondants de l’Association en France et à l’étranger.
Qui peut devenir « correspondant(e) » ?

Quiconque accepte :

  • d’être identifié par le public de notre site comme une personne-ressource intéressée à des échanges autour de l’œuvre de Marcel Jousse, en fonction d’une proximité géographique, linguistique, ou de centre d’intérêt (ex : sciences du langages / pédagogie / Évangiles, etc.)
  • de tenir informé le bureau de l’association de ses initiatives, activités, qui sont en lien avec l’œuvre de Jousse.

Pour faire part de votre demande de devenir correspondant(e), il suffit de nous écrire un court texte sur vous et votre intérêt pour Jousse, accompagné d’une photo et de vos coordonnées. Après validation du bureau, cette présentation sera publiée sur le site marceljousse.com (nous ferons en sorte que les adresses courriel ne soient pas exposées au spam).

Au niveau international, nous envisageons de solliciter pour ce rôle de correspondant des chercheurs comme Haun Saussy, Université de Chicago, États-Unis ; Gabriel Bourdin Rivero, Universidad Nacional Autonoma de Mexico, Mexique ; Stephanie Cawood, Free State University, Afrique du Sud ; Duoduo Xu et Francesco Perono Cacciafoco, Nanyang Technological University, Singapour ; Ondres Skovasja, Purkye University in Usti nad Labem, République Tchèque ; Muriel Roland, Université Paris 8, France…

Archives Marcel Jousse-Gabrielle Baron

Titus est en pourparlers avec la bibliothèque municipale de Lyon, qui dispose déjà d’un fonds Jousse composé majoritairement de ses livres d’hébreu et d’araméen et qui a aussi hérité du fonds Jersey et de celui des Fontaines. Il s’agit de la reprise, par la Bibliothèque Municipale de Lyon de la totalité du legs Marcel Jousse-Gabrielle Baron, à savoir cours, livres et mémoires, vidéos et disques ainsi que la correspondance.

Comme elles ne font pas partie intégrantes et directes du legs Marcel Jousse-Gabrielle Baron, les archives Pierre Scheffer ne seront pas prises en charge par l’Association. L’Association cherchant depuis longtemps à trouver une assise scientifique universitaire, il y a incompatibilité au moins actuellement, entre cette direction stratégique et la dimension religieuse de la pratique actuelle des récitatifs. Élisabeth et Édith travailleront à organiser le réseau actuel des récitatifs partir des trois groupes principaux existant.

Publications

Les CD-ROM des cours existants sont physiquement accessibles, mais difficilement utilisables à cause des erreurs typographiques parsemés dans les textes issus d’une reconnaissance automatique de caractères. Considérant le caractère essentiel des cours de Jousse pour la connaissance de la totalité de sa pensée, le bureau débloque les fonds nécessaires pour ce travail de perfectionnement.

Il est proposé aussi de numériser les traces audios et vidéos présentes à l’Association – récitatifs Jousse-Desgrées, puis Baron, séminaires ou autres manifestations.

La librairie La Procure garde en dépôt-vente

  • « Mémoire vivante » de Gabrielle Baron,
  • « Au commencement était le mimisme » d’Edgard Sienaert,
  • et « Initiation à l’anthropologie compréhensive de Marcel Jousse » de Titus Jacquignon.

Le site canadien « Les classiques des sciences sociales » a déjà mis en en téléchargement gratuit ligne plusieurs mémoires de Marcel Jousse et Rémy et Edgard sont en rapport avec les responsables canadiens pour assurer la numérisation des mémoires restant.

Or Words to That Effect – Orality and the writing of literary history’, recueil d’essais sur l’oralité, édité par Daniel F. Chamberlain et J. Edward Chamberlin de l’University of Toronto, inclut un article d’Edgard: ‘Levelling the Orality-Literacy Playing Field: Marcel Jousse’s Laboratory of Awareness and the Oral-Literary Continuum.’ – Mettre sur un pied d’égalité l’oral et l’écrit : le laboratoire de prise de conscience de Marcel Jousse et le continuum entre les pôles oral et écrit.

Le sous-titrage en anglais de la vidéo ‘Sur les pas de Marcel Jousse’ est en cours d’exécution.

Activités 2016

Les animateurs de ‘Parole Vivante’, accueillant également des personnes ne faisant pas partie de ce groupe, ont organisé le 16, 17, et 18 février une rencontre rassemblant une soixantaine de personnes. L’objectif a été de se remémorer ensemble des récitatifs déjà appris, d’apprendre de nouveaux récitatifs, de travailler les gestes en les approfondissant, d’échanger sur les expériences et questions des uns et des autres.

Vendredi 27 mai : rencontre-discussion avec les pratiquants des récitatifs sur le thème ‘Geste et parole’

Samedi 28 mai : au théâtre Victor Hugo de Bagneux, journée autour de Marcel Jousse, en compagnie d’Edgard Sienaert, organisée par Muriel Roland (Université Paris 8), dans le cadre d’un programme plus vaste, dénommé ‘Geste’stations’. Muriel prépare une thèse sur le mime Marceau.

Vendredi 4 novembre : suivi de la manifestation à Bagneux sur le thème (provisoire) de ‘Cinémimisme et cinéma : Marcel Jousse et Charlie Chaplin’, avec Adolphe Nysenholc, auteur, entre autres d’une thèse sur Charlie Chaplin.

Samedi 5 novembre : Assemblée générale annuelle de l’Association.

La prochaine réunion du bureau aura lieu le dimanche 29 mai, de 14 à 18 heures.

(Français) Hommage à Albert Petit, auditeur témoin de Marcel Jousse, membre fondateur de la “Fondation Marcel Jousse”

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Début décembre 2014, Albert Petit, ancien auditeur de Marcel Jousse, a rendu son dernier souffle. Pour moi, Albert a un été un orienteur de premier ordre dans ma recherche concernant Jousse. Je l’avais rencontré au tout début, rue Saint André des Arts. Quelle joie de rencontrer un témoin rayonnant, passionné et enthousiaste. Il avait eu cette phrase éclairante qui ne m’aura jamais quitté durant toutes ces années de recherche « Qu’est-ce que Jousse dit, lui-même, de son œuvre ? ». Albert a été, comme Jousse, un passionné de l’homme vivant et de cet “homme admirable” Iéshoua.

Je me souviens avec émotion de la passion, avec laquelle il nous avait mimo-dramatisé la délinquance de la magistrature lors du colloque d’Angers et avec laquelle il avait simulé une plaidoirie pour le procès de canonisation de Jousse lors du 40ème anniversaire de la mort de celui-ci.

Quand, avec Gérard Rouzier, dans la phase préparatoire du rejeu de cours de Jousse, nous étions allés le lui redonner en avant première, pour avoir son avis d’auditeur, il n’avait donné qu’un seul conseil à Gérard « Soyez-vous même !».

Albert n’était pas présent physiquement au colloque universitaire de Lyon, ni à celui de Bordeaux d’ailleurs, mais d’une certaine façon, il en a été l’initiateur. Je lui en suis infiniment reconnaissant.

Pour lui rendre hommage, nous reproduisons ici l’article qu’il avait rédigé en 1965 pour la revue des Nouvelles littéraires à l’occasion de la sortie du livre de Gabrielle Baron « Marcel Jousse, introduction à sa vie et à son œuvre » et nous vous recommandons d’écouter l’interview ci-dessous qu’il avait accordé à Christian-Léon Bois en 2011 à l’occasion du 50ème anniversaire de la mort de Jousse.

Rémy Guérinel

Albert Petit parle de Marcel Jousse from Le Geste, le Verbe et le Souffle on Vimeo.

Le Copernic de la mécanique humaine

(Les Nouvelles Littéraires, 10 juin 1965, p. 6)

A dix-huit ans, sans savoir très bien comment, je me suis trouvé un beau soir à l’amphithéâtre Turgot de la Sorbonne en face de Jousse. Élevé jusqu’alors sous le toit d’un homme au jugement quasi infaillible en littérature, en philosophie, comme en peinture ou en art nègre, ami de Claudel, de Giraudoux et de Max Jacob, disciple de Bergson, traducteur de Kierkegaard et de Maitre Eckart, j’étais une sorte de barbare, heureux quand même de savoir qu’existaient tant de richesses, mais peu soucieux d’en faire mon miel. J’avais envie, non pas de lire, mais de vivre. Comme tant d’autres, j’étais Tête d’Or.

Et voilà Jousse qui entre soudain dans ma vie à raison de trois conférences par semaine. Grands dieux ! Quel acteur et quel spectacle ! Il était là debout, parlant d’abondance avec un simple plan de son cours et quelques livres où il piquera une citation, exprimant de tout son corps les résultats de quarante années de recherche en linguistique, en phonétique, en rythmique, en psychologie, en pédagogie, en ethnologie, comme s’il voulait nous associer à ses découvertes, nous obliger à observer avec lui ce qui n’avait pas été vu sous l’angle de l’Anthropologie du geste. On est pris, il ne vous lâche plus, où qu’il aille il faut le suivre.

Soudain, c’est l’hilarité générale. Pour faire saisir la permanence de la loi du Mimisme sous le carcan des conventions sociales, il s’est mis à imiter les dames élégantes des tribunes de Longchamp, au maintien réservé, aux belles toilettes et aux longues mains gantées, dont le regard se tend vers la course et qui tout à coup, se mettent inconsciemment à rejouer, d’abord de leurs avant-bras, puis de tout leur être global, le galop de leur cheval… Mais un instant plus tard, c’est le silence, presque l’effroi, car ce sont les grands mécanismes de vie, de conscience, de sclérose et de mort dont il nous montre l’affrontement universel et permanent dans la vie de chaque jour, dans les hôpitaux psychiatriques ou sur les champs de bataille. Mais voici qu’il nous détend en nous donnant la joie d’admirer l’enfant, ce monde en formation devant lequel il éprouve un tel respect, et, avec l’enfant, les poètes et les savants – ces grands enfants qui ont gardé la fraîcheur de leurs impressions premières et qui continuent à jouer et à rejouer les grands gestes de l’univers.

Au cours des premières conférences, on a du mal à s’y reconnaître car tout y passe. Les neuf muses sont là, galamment traitées chacune à leur tour, mais rappelées à l’ordre pour avoir si souvent vagabondé depuis deux mille ans et délaissé le service des hommes. Le pauvre Platon est mis au coin pour quelques pages assurément malheureuses sur les idées, l’âme et le corps. Mais Homère, le grand Homère est choyé avec ses émules de tous les temps : compositeurs basques, bretons, corses ou finlandais et tant d’autres ; Indiens aux corps souples et mimeurs, peuples spontanés qui nous révèlent, en leurs mimiques si riches de réel, les grandes lois de l’expression humaine globale. Comme elle nous paraît soudain petite et pauvre, sur le plan de la connaissance de l’homme, notre civilisation occidentale qui a réduit le composé humain au bout d’un stylographe !

Mais, sous ces dissertations brillantes, exquises ou émouvantes – où se mêlaient parfois, comme il le reconnaissait volontiers lui-même, quelques scories – on pouvait suivre l’observateur rigoureusement objectif, démontant les mécanismes si complexes et si variés de l’expression humaine ethnisée, pour y découvrir le jeu des lois anthropologiques vivantes. Décidément, nous ne sommes pas seulement en face d’un érudit, ni d’un poète, ni d’un ethnologue ou d’un philosophe, mais avant tout, devant un savant expérimental.

Pourtant, j’étais parfois saisi d’un vertige et d’un doute. Car ne prétend-il pas, ni plus ni moins, le Révérend Père, avoir trouvé les lois fondamentales et spécifiques du comportement humain, lois infiniment souples comme tout ce qui est vivant, mais qui jouent implacablement sous les ethnies particulières. Comportement humain d’une infinie richesse et complexité ( mais les molécules des organismes vivants ne le sont-elles pas pour le chimiste ?) fondée sur les lois de l’Anthropologie du geste, science neuve avec sa méthodologie particulière, son vocabulaire précis et adapté, ses laboratoires – le laboratoire maternel où peut s’observer les montage des gestes humains, l’immense laboratoire ethnique, et même celui de l’asile où sont étudiés les pauvres démontages des gestes – en un mot, une science digne de ce nom. Combien de fois me suis-je interrogé : Est-ce un imposteur, un illuminé ou un grand génie ? « Il y a Copernic, Newton et Jousse… » « Aujourd’hui, c’est joussien, demain ce sera mondial », nous disait-il avec une tranquille assurance, sans une once de vanité (et sur ce point, je m’y connaissais). Une science nouvelle, aux irradiations indéfinies, était-elle en train de naître sous nos yeux ? Une science que personne n’aurait songé possible, si tant est que quelqu’un y eut songé !

Le miracle s’est accompli

Vingt ans ont passé et je sais maintenant que le mot d’Henri Brémond n’est pas une boutade. Jousse est bien le Copernic de la mécanique humaine. Comment, dans l’homme, s’enregistrent, se montent et s’imbriquent les gestes de l’Univers par le jeu de ses mécanismes oculaires, auditifs, olfactifs, tactiles, comment l’homme en prend conscience et comment il les exprime, corporellement, manuellement, graphiquement, buccalement, voilà l’objet immense de l’Anthropologie du geste, science de l’homme, de tout l’homme. Le miracle pour moi s’est accompli. L’art, l’artiste authentique seront demain, au cœur de la cité, au service de l’homme. Qu’est-ce qu’un grand classique, sinon celui qui sait faire jouer en l’homme les grands gestes humains et lui en faire prendre conscience pour mieux les diriger ? L’homme, aujourd’hui morcelé, sera demain unifié par l’Anthropologie du geste. L’artiste se fera savant authentique et la science anthropologique aidera les arts à s’accomplir sans rien perdre de leur force particulière.

Demain ? Non ! Pas demain. Car depuis Copernic et Newton les astronomes ont travaillé. « Je n’ai fait que donner le B.A. BA, nous disait Jousse. Je n’ai fait qu’ouvrir la voie et montrer la méthode. Un jour viendra où tout ce que j’ai découvert sera d’une simplicité enfantine pour le premier étudiant venu. » Et il appelait des milliers et des milliers de chercheurs, de toutes les disciplines pour poursuivre ses travaux, chacun dans leur voie.

« Peut-être un dieu ! »

Parmi les grands classiques qu’évoquait Jousse, comment ne pas parler de celui vers lequel se tendaient toutes ses recherches : le Rabbi paysan de Galilée qui fut, avec la science, la grande passion de sa vie ? Il nous le montrait, Rabbi parmi les Rabbis, maîtrisant la pédagogie orale de son milieu ethnique palestinien – lui-même informé, dès l’enfance, par cette riche pédagogie, formant à son tour méthodiquement ses Appreneurs à qui il enseignait rythmomélodiquement, en d’immortelles paraboles, toute cette régulation des gestes humains qui est la base de notre civilisation, et les envoyant ensuite porter au monde entier ces paroles et ces gestes nouveaux. « Un grand génie classique, nous disait Jousse, le plus prestigieux, et peut-être un Dieu ! » Mais pour lui, le Dieu s’imposait et il l’a suivi dans toute la simplicité de son cœur jusqu’à son dernier souffle.

Voilà Jousse, tel que je l’ai reçu, dans toute sa rigueur, sa puissance, sa simplicité et tel que je l’ai retrouvé, avec joie, dans la très belle étude que Gabrielle Baron lui a consacrée. Mais à mesure que je poursuivais le lecture si attachante de son Introduction à la vie et à l’oeuvre de Marcel Jousse, je comprenais mieux encore l’appel du maître – car il ne nous invitait pas à nous arrêter à lui pour l’admirer, mais plutôt à progresser chacun dans sa voie propre en prenant conscience du monde qu’il porte en lui. Jousse n’a fait que cela. Jousse, c’est un appel au travail, au martyre et à la joie du travail.

Albert Petit

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