chercheur, anthropologue, pédagogue

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(Français) L’anthropologie de la mémoire, du geste et du rythme de Marcel Jousse

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Intervention filmée de Titus Jacquignon

Colloque “L’Homme est mémoire” à Bordeaux en septembre 2014 (26 minutes)

(Français) Quelques échos des ouvrages d’Edgard Sienaert

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La pensée de Marcel Jousse fait son chemin dans différents milieux.

Témoignage reçu par Edgard Sienaert en janvier 2017 de la part d’un ingénieur travaillant dans l’industrie :

Vos livres (“Au commencement était le mimisme” et “In search of coherence”) m’ont accompagné pendant 2 ans dans ma mission de chef projet, sur un gros projet technique. J’ai eu l’occasion de faire plusieurs fois référence à Jousse pour orienter la méthode de travail des chercheurs et vis-à-vis des relations et du travail en équipe. Voici entre autres les quelques lignes que j’ai emprunté de votre livre et que j’ai partagé avec l’équipe :

N’est véritablement savant qu’un homme qui n’a pris qu’un petit coté du réel et qui le défonce autant qu’une vie d’homme peut le permettre.

Ce qui nous manque en temps ordinaire, c’est ce très rare mécanisme expressif qui permet d’épouser les sinuosités du réel tel qu’il est.

Il faut, comme disait St Paul, dépouiller le vieil homme et revêtir le nouveau. Or c’est extraordinairement difficile.

Le seul moyen de penser frais, c’est de penser en face des choses, et après seulement de nommer les choses par des termes qui ne seront pas contaminés par les anciennes erreurs de notre milieu ethnique.

Le génie, c’est celui qui observe les choses comme elles sont, qui se laisse informer par les choses comme elles sont, et qui les rejoue avec tout son être, donc avec tous ses gestes.

Quand vous vous trouvez en face de quelqu’un, je ne dis pas qu’il faut que vous vous compreniez à demi-mot, mais arriver à ce que vous vous compreniez sans mots.

Ne croyez pas que nous pensons de la même façon parce que nous avons employé les mêmes mots.

L’illusion que nous avons de nous comprendre doit se changer en prise de conscience que nous ne pouvons pas nous comprendre et donc qu’il faut que nous nous ajustions lentement, longuement, minutieusement.

Collaborer, c’est essayer de s’infléchir souplement, à avoir les mêmes compréhensions.

Restez vous, implacablement vous, formidablement vous – j’ajouterais nécessairement vous, vous ne pourrez jamais vous échapper de vous-même, mais faites « comme si ». (1)

A titre personnel et professionnel, Jousse m’a beaucoup appris et depuis un an j’ai commencé à utiliser le corps pour apprendre et pour travailler de nouveaux comportements utiles pour un chef projet et manager. Cela a été très efficace.

(…)  Votre travail sur Jousse inspire profondément d’autres personnes, dont moi, et que vos livres ont de mon point de vue un apport indiscutable par rapport aux ouvrages existants. Je dis même que sans vos ouvrages, je n’aurais pas compris Jousse. Car en plus d’être fidèle à la pensée de Jousse, vous avez su rendre cela accessible, facile à lire, avec un fil conducteur très bien construit.

Merci.

Dr. Ing. Pierre Février

(1) Citations tirées des cours de Marcel Jousse, rassemblées par Edgard Sienaert dans “Au commencement était le mimisme” (La Procure, Paris, 2014).

Oral-Scribal Dimensions of Scripture, Piety, and Practice – Judaism, Christianity, Islam

couverture

About the book

In April 2008 a conference was convened at Rice University that brought together experts in the three monotheistic religions of Judaism, Christianity, and Islam. The papers discussed at the conference are presented here, revised and updated. The thirteen contributions comprise the keynote address by John Miles Foley; three essays on Judaism and the Hebrew Bible; three on the New Testament; three on the Qur’an; and two summarizing pieces, by the Africanist Ruth Finnegan and the Islamicist William Graham respectively.
The central thesis of the book states that sacred Scripture was experienced by the three faiths less as a text contained between two covers and a literary genre, and far more as an oral phenomenon. In developing the performative, recitative aspects of the three religions, the authors directly or by implication challenge their distinctly textual identities. Instead of viewing the three faiths as quintessential religions of the book, these writers argue that the religions have been and continue to be appropriated not only as written but also very much as oral authorities, with the two media interpenetrating and mutually influencing each other in myriad ways.

Edited by Werner H Kelber, Paula A. Sanders.

(Français) L’être humain dans la fluidité – Le formulisme des gestes

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Par une soirée d’automne tardif, vous est-il arrivé quelquefois de rester pendant une heure au milieu d’une forêt ?

On a là une sensation étrange et très instructive. C’est, de seconde en seconde, un écoulement de toutes choses : ce sont les feuilles qui tombent une à une comme le déclic d’une pendule, ce sont les branches mortes qui, avec un bruit sec, viennent frapper sur les feuilles mortes, ce sont des morceaux d’écorces qui se détachent et tombent avec un bruit sourd. On sent là comme la pulsation de l’écoulement des choses.

Parmi les philosophes grecs, l’un d’entre eux est resté particulièrement célèbre pour avoir eu de cet écoulement des choses un sentiment qu’on peut dire unique dans l’Histoire : Héraclite : ‘Tout coule’.

Extrait d’un cours de Marcel Jousse donné à la Sorbonne le 6 février 1936.

C’est là, j’allais dire le grand fondement et la grande angoisse de la science possible ou impossible.

Alors que fait instinctivement le composé humain dans ce perpétuel écoulement, dans cette impossibilité de retrouver le lendemain ce qu’il a fait la veille ou ce qu’il était la veille ? Il a fait ou plutôt le Formulisme s’est fait en lui.
Ce Formulisme fait que nos mécanismes tendent à remonter le courant de ce fleuve héraclitien. ‘Tout coule’ dit ce mécanisme de fluidité. ‘Tout doit s’arrêter quand nous en avons besoin’, dit le Formulisme.

C’est pour cela que dès ses premières minutes, le petit enfant est ‘formulé’ dans chacun de ses gestes. Il aura très vite la façon de boire à la poitrine de sa mère, il aura très vite la façon d’ouvrir ses petites mains et de saisir les choses, il aura très vite la façon de remuer ses jambes. Et ce n’est là que le commencement si j’ose dire, de la ressaisie, de la remontée du flot. Quand il jaillit hors du sein de sa mère, il est pour ainsi dire fluide, c’est tout-à-fait le fleuve héraclitien, il est capable de tout. Maintenant, au fur et à mesure qu’il va vivre, et même au bout d’une heure, il n’est déjà plus la fluidité de la seconde, et d’heure en heure, de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, vous pouvez voir ce que nous pourrions appeler ses ‘tics’, ce que vous appellerez exactement de la même manière, ses habitudes, ce que nous appelons, ses formules.

C’est la seule façon de résister, je ne dis pas de vaincre, de résister à cette grande loi de la fluidité des gestes humains. Qu’est-ce qui va se passer ? C’est que précisément ce qui est en nous, sans nous, va faire cette immense et merveilleuse chose qu’on appelle le Mimage. Il est, lui, homme ou enfant, plein d’un appareil récepteur qu’on n’avait pas étudié jusqu’ici, le Mimisme.

Quand il va se trouver en face d’un objet, en lui, miroir fluide et cependant statique, va se jouer, se répercuter, se réverbérer cette interaction. Il va être capable de la redonner, une fois, 10 fois, 100 fois.

C’est cela le Formulisme interactionnel propositionnel que nous avons schématisé de cette façon :

l’Agent agit sur l’Agi

Extrait d’un cours de Marcel Jousse donné à l’école des Hautes-Études le 16 avril 1940.

C’est l’interaction qui est primordiale dans le mécanisme du Mimisme.

L’enfant n’est pas un miroir statique morcelé. Il n’est pas,
1° le Kangourou statique qui mange,
donc 2ème attitude : la manducation,
3° l’aloès qui a une forme caractéristique, si tant est qu’il y en ait en face de lui, non.

Il va être précisément le kangourou-qui mange-l’aloès, c’est-à-dire une interaction. Et il va jouer au kangourou-qui-mange-l’aloès. Il va jouer à des agents agissant sur des agis sans découpage et c’est cela qui va nous donner précisément l’étude du Formulisme.

Extrait d’un cours de Marcel Jousse donné au Laboratoire de Rythmo-pédagogie le 18 janvier 1939.

Ce “collier” de citations est proposé par Edgard Sienaert, auteur de “Au commencement était le mimisme“.

(Français) Éléments d’anthropologie biblique – Bertran Chaudet

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M. Bertran Chaudet, diacre permanent, kinésithérapeute, est impliqué dans un service du Diocèse de l’Église Catholique du Mans (Sarthe) consacré aux “Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires”. Dans ce cadre, il donne 2 conférences en octobre et novembre 2016, en référence aux travaux du Professeur Marcel Jousse.

Le Père Marcel Jousse (1886-1961), jésuite originaire de la Sarthe, a donné les clés d’une anthropologie biblique en partant de l’observation de peuples ayant conservé une tradition de transmission orale. Cette anthropologie donne des repères fondamentaux pour une prise en compte globale de notre humanité, sans nous enfermer dans des systèmes clos énergétiques ou ésotériques que l’on retrouve dans les nouvelles thérapies et méthodes de développement personnel.

> écouter la conférence du 19 octobre  (1h10)
réponses à des questions (55 mn)

> écouter la conférence du 16 novembre (suite de la précédente)

(Français) L’oralité des milieux créoles à la lumière des travaux de Marcel Jousse

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C’est le sujet de l’intervention de Daniella POLICE-MICHEL, University of Mauritius, faite le 3 novembre 2016 lors du XVème Colloque International des Etudes Créoles.

« Pourquoi étudier les langues, cultures et sociétés créoles aujourd’hui ? »
Baie Mahault, 31 octobre 2016, 1er, 2, 3 & 4 novembre 2016

Voici le résumé de cette intervention :

Alors que les efforts d’instrumentalisation des langues créoles se multiplient au niveau de l’écrit pour que ces langues prennent leur place en milieux institutionnels, se pose la question des moyens disponibles pour assurer la valorisation de leur oralité ; ce, si l’on veut éviter que les pratiques de ces langues se retrouvent prises dans un paradigme qui confère aux pratiques écrites un statut supérieur aux pratiques orales.
Si la dynamique des langues créoles est sans doute à mettre sur le compte de leur oralité culturelle, cette oralité se prête difficilement aux méthodes d’analyse linguistiques qui ramènent le plus souvent l’objet d’étude à des séquences de formes linguistiques (orales ou écrites).
Or dans le domaine de l’oralité, les formes linguistiques ne sont que des indices du sens véhiculé pour l’essentiel par la parole gestuelle et le contexte (Sperber, 2000) ainsi que par la parole musicale dans une plus forme élaborée.
Nous nous proposons lors de cette communication de présenter quelques aspects fondamentaux de l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, dont l’essentiel des travaux repose sur son expérience de l’oralité paysanne de son enfance et de sa jeunesse, celle des Amérindiens qu’il a fréquentés et celle des enfants qu’il a observés. (Jousse, 1969 ; Lapaire, 2014)
À cet effet, nous nous appuierons sur une analyse du séga mauricien selon l’approche de Marcel Jousse. Celle-ci révèle cette pratique musicale créole comme une parole tri-modale, un lieu de construction et de transmission de connaissance, le lieu d’émergence d’un embryon de culture, d’un nouvel anthropos (Police-Michel, 2006).
Cette pratique de l’oralité prise comme exemple, sera ensuite confrontée au contexte d’une institution telle que l’école afin de faire ressortir à quel point le nouvel anthropos se retrouve dans l’obligation de renoncer aux dimensions de son oralité pour conquérir les institutions d’état.
Nous entendons ainsi soulever la question des moyens à mettre en place pour que la promotion des langues créoles dans les institutions, en particulier dans l’institution scolaire, ne soit pas synonyme de délaissement ou de dévalorisation de leur oralité. Cette question conduit à remettre en cause les systèmes d’éducation fondés sur l’écriture (Terrail, 2009).

Bibliographie sommaire

  • Calvet, L.-J. (1984). La tradition orale . Paris: PUF.
  • Jousse, M. (1969). L’Anthropologie du geste. Paris: Les Éditions Resma, 1969, 395 pp. Édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, coll. Les classiques des sciences sociales. Université du Québec à Chicoutimi. http://dx.doi.org/doi:10.1522/030181269
  • Sur les pas de Marcel Jousse – La mémoire, le geste et le vivant. Film documentaire réalisé par J-C. Cheyssial et produit par J.-R. Lepaire. Une co-production: Université Bordeaux Montaigne & Association Marcel Jousse. Septembre 2014. https://www.youtube.com/watch?v=_J063QlYcUU
  • Police-Michel, D. (2006). “Le séga traditionnel mauricien : lieu de naissance d’un nouvel anthropos”, In Revue Études Océan Indien. No 37.
  • TERRAIL Jean-Pierre. (2009) De l’oralité. Essai sur l’égalité des intelligences. Paris : La Dispute/Snédit, 286 p.
  • Sperber, D. (2000). « La communication et le sens ». Dans Yves Michaud (éd.) Qu’est-ce que l’humain? Université de tous les savoirs, volume 2. Paris: Odile Jacob. Pp. 119-128

(Français) Autour de Marcel Jousse et du cinéma, focus sur Charlie Chaplin

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"Charlot", Serge Youtkévitch, 1921. Musée du cinéma, Paris. © Bubbles Incorporated SA

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“Charlot”, Serge Youtkévitch, 1921. Musée du cinéma, Paris. © Bubbles Incorporated SA

 

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Pour la première fois sur ce thème, l’association Marcel Jousse a organisé un séminaire public samedi 26 novembre à Paris. Il a rassemblé une trentaine de personnes. Les interventions ont été filmées.

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Le programme

En pratique

Résumés des interventions

Les intervenants

Les ressources documentaires

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Le programme

Ce séminaire est coordonné par Rémy Guérinel (Association Marcel Jousse).
13h30 – Accueil

14h-14h45 – Intervention de Adolphe Nysenholc, docteur en philosophie et lettres, avec la première thèse sur le cinéma en Belgique et la première sur Charles Chaplin dans le monde : Jousse – Chaplin ; Convergences et divergences

14h45 -15h30 – Échanges avec les participants

 15h30-16h – Pause

16h-16h30 – Intervention de Titus Jacquignon, doctorant en sociologie :
Marcel Jousse et le cinéma

16h30-17h – Intervention de Thomas Marshall, docteur en sciences de la communication :
Voir et entendre comment Marie Heurtin, née sourde et aveugle, entra dans le monde du signe

17h-17h30 – Intervention de Christian Bois, cinéaste-auteur, docteur en sciences de l’homme :
La peinture, le cinéma, Jousse et le « comme si »

17h30-18h – Table ronde avec tous les intervenants


 

En pratique

Lieu : 92 Bis Boulevard du Montparnasse à Paris (métro Montparnasse-bienvenue)

Participation libre aux frais

Livres et DVD en vente lors des pauses

Réservation conseillée (40 places)


Résumé des interventions

Jousse – Chaplin ; Convergences et divergences
Nés tous deux fin du 19e siècle en Europe, Charles Chaplin et Marcel Jousse découvrent le geste et son importance expressive, aux États-Unis, – avec le cinéma muet d’Hollywood (1914) pour l’un, dans le langage des Indiens (1917) pour l’autre. Sur cette base, le premier renouvelle un art et le second fonde une nouvelle anthropologie.    Lire la suite

Marcel Jousse et le cinéma
Comment Marcel Jousse prend appui sur le cinéma pour penser une science et une méthode d’observation et d’analyse du geste ; comment il en transfert alors certaines notions-clés – certains gestes techniques aussi – au sein de son anthropologie.

Voir et entendre comment Marie Heurtin, née sourde et aveugle, entra dans le monde du signe
Le problème apparemment insoluble de l’origine du langage est clos. Pour y répondre, Marcel Jousse formula une loi anthropologique qui reste aujourd’hui encore méconnue et incomprise : “L’anthropos est un animal interactionnellement mimeur”. Une démonstration expérimentale à l’appui de cette loi lui fut offerte par la vie de Marie Heurtin, née sourde et aveugle. Son histoire a été mise en scène récemment au cinéma par Jean-Pierre Améris. Ce film donne à voir, à entendre et à sentir comment se développe le mimisme humain… mais on ne peut en prendre conscience que si nous le regardons avec cette question. Dans ce but, mon intervention sera composée à partir de la lecture d’extraits de cours de Marcel Jousse, articulés avec des extraits du film.

La peinture, le cinéma, Jousse et le « comme si »


 

Les intervenants

Adolphe Nysenholc, docteur en philosophie et lettres, avec la première thèse sur le cinéma en Belgique et la première sur Charles Chaplin dans le monde

Titus Jacquignon, doctorant en sociologie, membre du bureau de l’association Marcel Jousse depuis 2015

Thomas Marshall, Docteur en sciences de la communication, membre du bureau de l’association Marcel Jousse depuis 2015

Mes études universitaires à partir du Master ont eu comme objectif d’approfondir la pensée de Marcel Jousse en la confrontant avec les recherches plus récentes en sciences humaines et sciences cognitives. Mon terrain de recherche a été le milieu de l’artisanat, avec la question de mettre à jour les processus de transmission et d’apprentissage qui s’y déroulent, en dehors d’un contexte d’enseignement scolaire centré sur le langage verbal. Depuis 2013, je me consacre à un autre “laboratoire de prise de conscience anthropologique”, à savoir une école pour les jeunes de 3 à 19 ans, dans laquelle ils sont libres de jouer et plus largement de faire tout ce qui les intéresse, à l’intérieur de limites fixées démocratiquement (La Croisée des Chemins).

Christian Bois, cinéaste-auteur


 

Ressources documentaires

La thématique du cinéma traverse toute l’œuvre de Marcel Jousse. Voici quelques documents où elle occupe une place centrale.

La psychologie de la lecture et le cinéma

Ce texte de 4 pages constitue la seconde partie du mémoire Mimisme humain et Psychologie de la Lecture, Geuthner, 1935.

Transcriptions de cours de Marcel Jousse

A propos des cours de Marcel Jousse

© association Marcel Jousse

(Français) Le cinéma, outil principal de l’anthropologie dynamique

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Extrait d’un cours de Marcel Jousse à l’école d’anthropologie le 5 novembre 1934

Prendre l’être humain comme il avait été observé toujours, se pencher sur lui toujours, le regarder toujours.
Et c’est là qu’il nous aurait fallu l’outil que nous n’avons eu qu’en ces dernières années : le cinéma.
Grâce aux ingénieurs, nos collaborateurs que j’ai la grande joie de compter en face de moi, nous avons maintenant un outil qui remplace l’observation aiguë, lente, douloureuse, afin de saisir la loi de gravitation humaine : le Mimisme.
Et cet appareil se présente maintenant comme un joujou. Voilà ce avec quoi nous allons remuer l’univers hominien.
Nous allons simplement laisser se braquer cet œil artificiel, et nous allons saisir le Mimisme, le geste mimique toujours et partout, mais implacablement enregistré.
C’est cela qui nous a manqué lorsqu’ enfant, nous étions frappé par cette extraordinaire tendance de nos petits camarades voulant “jouer à tout”.
C’est encore cela, qui nous a manqué lorsque, à travers l’Amérique, nous avons vécu au milieu de ces étranges survivants que sont les Amérindiens s’exprimant en langage de gestes. Nous n’avions pas alors des appareils portatifs à notre portée et à notre libre usage personnel.
Une société américaine est en train actuellement de faire un immense dictionnaire pour tenter de relever par écrit tous les gestes mimiques encore existants dans les muscles des tribus indiennes. Mettre en catalogues le langage de gestes des Indiens.
Voyez-vous actuellement des hommes qui, en Amérique, ont à leur disposition le cinéma formidable de Hollywood où toutes les stars du monde viennent faire leur ronde, comme dit la chanson, et ces hommes qui épargnent quelques myriamètres de films pour prendre ce qui, demain, serait pour nous des documents irréfutables de l’origine du langage par le geste ?
Pourquoi cette anomalie étrange ? C’est que le cinéma à l’heure actuelle, se consacre à  la danse des stars et pas encore à la science ! Lorsque dans un cours, on apporte un cinéma, on donne l’impression de vouloir désennuyer son auditoire et non pas de l’instruire.
C’est cela qui empêche les firmes américaines d’envoyer leurs stars prendre des bains de soleil, et d’enregistrer les gestes des derniers Indiens.
Regardez quelle serait la force de ma parole si je pouvais vous dire : “Voilà le film pris par les grands anthropologistes américains. Voilà des gestes propositionnels, non pas faits seulement pour ajuster des histoires de cow-boy, mais pris par les grands spécialistes de l’anthropologie sur les derniers Indiens !”

Plan du cours – L’anthropologie du geste et la mimologie expérimentale

Introduction : L’outil principal de l’Anthropologie dynamique : le cinéma

I. L’ HOMME EST UNE CAMERA PRENEUSE DE GESTES

  • par toute sa gesticulation : corporelle – manuelle, oculaire, auriculaire, gustative, olfactive…

II. L’HOMME EST UNE CAMERA REJOUEUSE DE GESTES

  1. Problème de la Connaissance
  2. L’Homme est non pas un cerveau, un complexus de gestes possiblement conscients
  3. Le premier langage : le Rêve

III. L’HOMME EST UNE CAMERA DISLOQUEUSE DE GESTES

  1. Du berceau à la tombe, rejeux continus
  2. Rejeux exacts, combinés, sublimés (génie)
  3. Rejeux disloqués (folie)

CONCLUSION – Le cinéaste est un pédagogue.

Le geste doit précéder la parole

“Qu’est-ce qui va m’aider, si j’ose dire, à modeler ma pensée ? Qu’est-ce qui va permettre de la faire fluide ou raide ? C’est mon geste. Je suis conduit par mon geste. Ce n’est pas la parole qui me conduit, c’est mon geste. Et voilà pourquoi, sans que je m’en aperçoive, certains de nos spectateurs peuvent me dire : ‘Oui, on sait votre pensée. Avant que vous ne l’ayez exprimée, vous l’avez jouée’.

Et c’est la raison pour laquelle l’enfant prend le monde réel avec tout son corps et puis le rejoue et vous donne ensuite la transposition orale de ce réel intussusceptionné, mais avec toujours cette interférence stupéfiante et inexplicable du besoin de comparer. Cela je n’ai encore pu me l’expliquer. Je suis stupéfait moi-même de la définition que j’ai été obligé de donner : ‘L’homme est un animal qui fait des comparaisons’. Aussi le petit enfant qui est en face de l’objet, va le mimer et tout de suite, le jeu de la comparaison va se produire. Il va donner ce qui se rapproche le plus du geste qu’il a vu et qui est une des joies de son expression.

Un enfant voit-il tomber des feuilles ? Ce ne sont pas les feuilles qui vont le frapper, mais il a vu des plumes tomber de la poule qui s’ébroue et devant cet éparpillement de petites feuilles, il rejoue cet éparpillement de petites plumes et il dit : ‘Maman, regarde les plumes de l’arbre qui tombent’. C’est là un des beaux exemples de l’expression gestuelle enfantine.

C’est peut-être là que nous avons la solution. C’est que les feuilles et les plumes font le même geste. Il y a ce je ne sais trop quoi de très fin, de virevoltant, de planant, de tournoyant, de tourbillonnant, très doucement, et qui se pose. L’enfant l’a saisi, et c’est par le caractère mimique des deux objets que s’est fait le rapprochement d’où jaillit pour nous ce que nous appelons : la poésie.

Il faudrait que nous recueillions tous ces mots d’enfant qui jetteraient sur la psychologie du langage et de l’expression un jour tout à fait inattendu. Le beau style de l’enfant, c’est son style spontané, ce n’est pas celui qu’on lui fait faire à l’école. Nous avons des livres qui nous parlent de la ‘rédaction’ chez l’enfant. Mais la véritable rédaction de l’enfant ne se fait pas devant le papier et l’encrier, elle se passe en récréation quand il joue avec son petit camarade. Là jaillit un style inattendu fait de petites phrases courtes, mais pleines de réel et pleines de jeu. L’enfant joue avec les métaphores comme il joue avec ses gestes, parce que le geste est métaphore.”

Extrait d’un cours de Marcel Jousse, ‘Le geste mimique et la création de la métaphore’, fait en Sorbonne, le 14 janvier 1932.

(Français) Colloque : « Jeux en jeu dans l’enseignement – apprentissage des langues en Lansad »

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Lansad = enseignement des “langues à des spécialistes d’autres disciplines”

à l’IUT de Lyon les 2, 3, 4 juin 2016

Dans son ouvrage intitulé L’anthropologie du geste, Marcel Jousse décrit l’homme comme “un animal interactionnellement mimeur” ([1974] 2008) ne pouvant s’empêcher de rejouer les actions qu’il voit autour de lui, actions qui s’im-priment en lui et qu’il ex-prime ensuite au travers de rejeux. L’homme construit donc son identité, son « je » en rejouant les actions du monde. Jouer lui permet de « faire corps avec » et, par là, de mieux comprendre et mémoriser (Lecoq 1997). Par conséquent, l’acte de jouer (et de rejouer) permet d’acquérir des connaissances et compétences tout en se reliant à autrui puisque tout jeu implique une reconnaissance et une adaptation à l’autre. Enfin, pour Jousse, jouer est un acte de création puisque le rejeu n’est jamais une réverbération, une simple imitation fidèle de ce qui a été perçu mais une réponse personnelle et dynamique. Il ne s’agit pas de représenter de manière figurée l’objet observé mais « d’agir » sa dynamique intérieure.

Ainsi, le jeu peut être un amusement, une activité divertissante que l’on pourrait proposer aux étudiants dans une perspective (re)motivationnelle ; toutefois, il reste fondamentalement un comportement qui nous est propre, « quelque chose de profondément anthropologique » (ibid). Dans cet esprit, Berthoz considère qu’il ne peut y avoir d’apprentissage sans action puisque « l’origine de la pensée réside dans la nécessité de bouger » (2009). D’autres chercheurs en neurosciences mettent en évidence l’importance du corps dans l’apprentissage, comme Rizzolatti, qui  suggère l’existence des neurones miroirs qui nous permettent inconsciemment de simuler les actions d’autrui.

Les liens entre jeu et apprentissage sont nombreux et tous deux sont des phénomènes éminemment sociaux qui relient l’individu à son environnement. Ils favorisent « la mise en je » de son identité et rappellent le rôle du corps dans la compréhension d’autrui. Le jeu reste néanmoins marginalisé en cours de langue (Lapaire & Masse, 2008 ; Aden 2008). Comment, dans ces conditions, penser l’enseignement/apprentissage dans le secteur LANSAD afin de redonner toute leur place aux jeux quels qu’ils soient ? Telle sera la question à laquelle nous tenterons de répondre lors du prochain congrès de l’APLIUT à Lyon. La notion de jeu pourra être envisagée dans ses nombreuses acceptions (théâtraux, stratégiques, vidéo, tangibles, pour n’en citer que quelques-uns) et ses enjeux en termes d’enseignement/apprentissage (motivation, plaisir, autonomie, mémorisation).

Références

Aden J. 2008. « Compétences interculturelles en didactique des langues : développer l’empathie par la théâtralisation », Apprentissages des langues et pratiques artistiques, Paris, Édition le Manuscrit, p. 67-102.

Berthoz A. 2009. La simplexité, Paris : Odile Jacob.

Jousse M. 2008. L’Anthropologie du Geste, Paris : Gallimard (1978)

Lecoq J. 1997. Le corps poétique : un enseignement de la création théâtrale, Arles : Actes Sud.

Lapaire, J.-R. & Masse J. (2008). « Danser la grammaire de l’anglais », dans Aden J., Apprentissages des langues et pratiques artistiques, p. 149-176.

Rizzolati G., Sinigaglia C. 2007. Mirrors in the Brain. How our minds share actions and emotions, Oxford : Oxford University Press.

Lien vers la source :
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article6033

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