Nous avons le plaisir d’annoncer la prochaine soutenance de la thèse de Muriel Roland, membre active de l’Association Marcel Jousse, ainsi que deux occasions de l’entendre présenter les fruits de son travail, en novembre et décembre.

Qui est Muriel Roland ?

Muriel Roland, artiste de théâtre, formée à l’École Internationale de Mimodrame Marcel Marceau de Paris (1983-86), co-fondatrice de la Cie SourouS, du Festival Auteurs en Acte, de l’Escuela nacional de teatro – Santa Cruz-Bolivie, vient d’achever une thèse de doctorat sur le geste de l’acteur, sous la direction du Pr. Katia Légeret, (Université Paris 8). Depuis 30 ans, l’œuvre de Marcel Jousse est pour elle une source vive et intarissable d’inspiration.

Lors des années passées, elle a proposé plusieurs interventions dans le cadre de l’Association Marcel Jousse, notamment lors des séminaires dont les vidéos sont publiées sur notre chaîne You Tube. Elle s’intéresse aussi beaucoup à la pensée de René Girard, qu’elle met en lien avec celle de Jousse, notamment pour mieux comprendre la violence.

Sa thèse de doctorat

Faisant retour sur une riche carrière artistique et pédagogique, Muriel Roland a réussi à aboutir son projet de recherche et d’écriture, dans le cadre exigeant d’une thèse de doctorat – tout en continuant en parallèle ses activité théâtrales ! Nous lui adressons toutes nos félicitations pour cet aboutissement et sommes impatients de pouvoir lire son travail. Le résumé ci-dessous, qu’elle a rédigé, montre bien l’ambition et la richesse intellectuelle d’un travail, qui est à la fois profondément incarné dans ses expériences.

Le rituel universitaire de la soutenance de sa thèse sera l’occasion de la réception de ce travail dans le cadre de la communauté scientifique interdisciplinaire des études théâtrales. Cet événement aura lieu lundi 20 novembre à l’Université Paris 8 à Saint Denis. Il n’est malheureusement pas ouvert au public du fait de la petite taille de la salle disponible.

Poïétique du geste de l’acteur au théâtre – Thèse sous la direction de Madame Katia Légeret. Laboratoire de rattachement : Scènes du monde, création, savoirs critiques – UFR : Arts, philosophie, esthétique

Membres du jury :

  • Nathalie Coutelet, professeure, Université Paris 8.
  • Katia Légeret, professeure, Université Paris 8.
  • Doina Petrescu, professeure, Université de Sheffield
  • Jean-Pierre Triffaux, professeur, Université Côte d’Azur

 

Résumé :

La présente thèse trouve son origine dans la pratique du théâtre et du métier d’actrice de son autrice ; elle vise à penser la nature du geste, et plus particulièrement celle du geste théâtral dans une perspective cosmologique, anthropologique et historique.

En prenant appui sur l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, la philosophie taoïste, la logique antagoniste de Stéphane Lupasco et ses développements par Basarab Nicolescu, elle envisage le corps humain comme « le microcosme qui réverbère le macrocosme », c’est-à-dire comme étant régi par les lois même de l’univers et de la nature, ce qui fait l’objet de la première partie.

En s’arrêtant sur les conséquences de la verticalisation de l’humain et de son inachèvement à la naissance (néoténie), la seconde partie pointe les particularités d’un comportement d’espèce qui conduit l’humain à intégrer ses traits invariants (verticalisation, bipédie, langage) et particuliers (cultures) par le biais d’un processus d’apprentissage qui le singularise et le caractérise : le geste mimique.

La troisième partie examine – à partir du théâtre grec antique et à l’aune notamment de la pensée de René Girard – comment le théâtre, en représentant à la fois le peuple (à travers le chœur) et l’ancien sacrifié (à travers l’acteur) opère le prolongement de la scène rituelle ainsi que sa mise à distance pour le spectateur (ancien lyncheur). Cette évolution informe en profondeur les « techniques du corps » (Marcel Mauss) de l’acteur, qui retourne optiquement l’ancienne aire sacrée pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. L’inscription corporelle de ce paradoxe est évoquée à travers les techniques de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention ; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, comme dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases et principes du théâtre indien).

L’ensemble de cette thèse vise à interroger les conditions par lesquelles le geste de l’acteur et l’art du théâtre tout entier pourraient contribuer à une ré-instauration de la poïèsis (art ou acte de fabriquer) dans nos vies marquées par la disparition accélérée – au profit des seules technologies exosomatiques – des techniques gestuelles, corporelles et relationnelles constitutives de notre humanité.

 

Présentations publiques

Vous aurez l’opportunité d’entendre et de voir Muriel Roland partager les fruits de son travail à deux occasions.

  • Samedi 18 novembre (16 h 15-17h) : “De l’homme sans geste au monde sans homme ? Technique versus technologie”

A Paris ou en visioconférence, Muriel Roland présentera cette facette de sa thèse qui questionne les impacts des nouvelles technologies, dans le cadre du séminaire organisé par l’Association Marcel Jousse : “Le geste à l’ère du numérique” (14h-18h).
Pour en savoir plus

  • Mardi 5 décembre (13 h 30-14h45) : “Les trois corps de l’acteur, enraciné-suspendu, entre transe et maîtrise”

Cette conférence gestuée aura lieu au Théâtre L’Echangeur à Bagnolet, dans le cadre des Rencontres publiques autour du Vaudou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation. Elle abordera de nombreuses thématiques de ses recherches. Elle sera suivie d’une courte pratique (pour les volontaires) et d’une discussion.

Si le trac est le souvenir corporel d’une ancienne traque ; si tragédie, « chant du bouc » (émissaire) signifie d’abord le chant rituel accompagnant le sacrifice du bouc aux fêtes de Dionysos à l’époque archaïque ; « si le théâtre est fait pour permettre à nos refoulements de prendre vie » (Antonin Artaud), nous pouvons considérer l’acteur comme le fantôme de la victime sacrificielle, relevé de son cadavre, revenant jouer « comme un supplicié que l’on brûle et qui fait des signes sur son bûcher » (Antonin Artaud). Ceci éclaire la fabrique de nombreuses « techniques du corps » de l’acteur qui retourne optiquement l’ancienne aire rituelle pour la transformer en scène d’incarnation agonistique (agôn, « lutte, combat »). Simultanément, en frère du poète-dramaturge et du didascalos-metteur en scène, l’acteur est aussi porteur du récit et compositeur méticuleux de la conduite de sa partition gestuelle dans l’espace et la durée. Il lui faut alors combiner transe et maîtrise. C’est l’inscription corporelle de ce paradoxe qui sera ici explorée, à travers l’évocation gestuelle de l’anthropologie du geste de Marcel Jousse, de l’acteur marionnettique et des « trois corps en un » de la tradition chinoise (Shēn Tĭ- marionnette-corps physique ; Shēn Yì- marionnettiste- corps d’intention; Shēn Qì- fil- corps énergétique) que l’on retrouve chez Marcel Marceau, Antonin Artaud, dans le Nāṭya-śāstra (traité antique de l’hindouisme donnant les bases du théâtre indien) ainsi que dans le texte de Heinrich von Kleist Sur le théâtre de marionnettes.

Cette présentation s’inscrit dans le cadre des rencontres publiques autour du vodou haïtien, des pratiques rituelles et des arts de la transformation : Interventions scientifiques, artistiques et projections de films anthropologiques avec des enseignants chercheurs d’universités françaises et haïtiennes – LUNDI 4 & MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 13h30 > 19h00

Réservation gratuite en ligne pour les rencontres

Autres activités autour des arts vivants du vodou haïtien

Muriel Roland collabore depuis quelques années avec des chercheurs explorant les arts de la transformation, sur et en dehors de la scène théâtrale. Nous relayons donc à sa demande l’annonce des autres activités prévues sur ce thème au théâtre de Bagnolet.

Programme général

Pour réserver gratuitement (et rapidement), cliquez sur les liens ci-dessous :

  • SAMEDI 2 & DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2023 | 10h00 > 13h00
    Ateliers pratiques de chants et danses vodou haïtien
    Dirigés par Mambo Ninie et 4 artistes haïtiens des communautés du vodou Madame Nerval et Legphibao

Réservation gratuite en ligne pour les ateliers

  • MARDI 5 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance sur la piété et l’échange entre les hommes et les dieux
    De Stéphane Poliakov & Hugues Badet

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • MERCREDI 6 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Performance. Action rituelle
    Laboratoire international des arts de la transformation ; rituels du vodou haïtien et tragédies grecques et classiques françaises
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie, Sarah Periquet. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • JEUDI 7 DÉCEMBRE 2023 | 19h30
    Franchir la barrière
    Performance. Action rituelle
    Avec Marie-Suze Jean-Baptiste, Dalia Jean, Mirlande Merville, Nadilie Charles, Saintelus Candy, Luis Strong Megie. Direction Fabrice Nicot.

Réservation gratuite en ligne pour cette performance

  • 9-13 JANVIER 2024
    Les Bonnes – Matériau
    Performance. Spectacle
    Institut Grotowski de Wroclaw et Atelier Wachowicz/Fret
    Avec Marie Suze Jean Baptiste, Katya Egorova, Elisa Guarraggi, Aleksandra Kugacz-Semerci, Monika Wachowicz, Marie Walker, Gey Pin Ang.

Présentation et réservation