A partir de la publication de son premier ouvrage en 1925, puis pendant ses 26 années d’enseignement, Marcel Jousse a exercé une influence forte sur les personnes qui ont reçu de façon directe sa pensée vivante.
Certains ont mené leurs propres travaux à la suite de l’enseignement de Jousse :
B. Tchang Tcheng-Ming (1905-1951) :
- L’écriture chinoise et le geste humain – Essai sur la formation de l’écriture chinoise, Geuthner, Paris, 1937.
- Le parallélisme dans les vers du “Cheu King”, Geuthner, Paris, 1937.
Ces 2 ouvrages sont accessibles sur le site de la Bibliothèque Nationale de France.
Milmann Parry (1902 – 1935) :
Il soutient sa thèse de doctorat ès lettres à Paris en 1928 : L’épithète traditionnelle chez Homère.
Il confirme la découverte par Jousse du formulisme dans les textes de Style oral.
Fily Dabo Sissoko (1900 – 1964), homme politique et écrivain :
Sagesse noire, sentences et poèmes malinkés, Éditions de la Tour du Guet, Paris, 1955.
La plupart des anciens auditeurs nous sont inconnus. Les témoignages que nous avons collectés par l’association Marcel Jousse relèvent surtout de personnes qui sont devenus des “inconditionnels” de la pensée de Jousse : même si les circonstances de la vie ne leur ont pas permis de continuer cette étude ultérieurement, ils ont gardé en eux intact, plusieurs décennies plus tard, l’émerveillement et l’enthousiasme suscités par ce professeur hors-normes. Cependant, cela était difficilement communicable : Jousse suscitait également une aversion marquée chez ses contemporains. Il ne laissait personne indifférent.
Voici la vidéo de témoignage d’Albert Petit, ancien magistrat
Albert Petit parle de Marcel Jousse from Le Geste, le Verbe et le Souffle on Vimeo.
- “Témoignages sur Marcel Jousse” recueillis auprès d’anciennes élèves du Laboratoire de rythmo-pédagogie ; in Cahier MarcelJousse N°6 – juillet 1995, p. 37 à 52
D’autres sont mentionnés par Jousse dans ses cours : il tenait à interagir autant que possible par une connaissance individuelle des auditeurs, et non avec un auditoire indifférencié. Ainsi, il s’adresse souvent nommément à des auditeurs, répond à des questions qu’on lui a posé, encourage et commente leurs travaux. Aucune exploration systématique des cours n’a encore été réalisée sous cet angle. Elle permettrait sans doute des croisements intéressants avec des descendants de ces auditeurs et auditrices, qui ont gardé des souvenirs et archives personnelles – ainsi qu’avec les archives de l’association Marcel Jousse.
Marcel Jousse avait conscience que sa démarche de synthèse ne pouvait être accomplie par une seule personne : il en appelait sans cesse à la collaboration d’autres chercheurs capables d’approfondir dans leur domaine de spécialité, les implications des lois générales qu’il avait formulé. Dans l’un de ses derniers cours, il dessine un schéma de différentes disciplines qui procèdent de “l’anthropologie du mimisme”, le cœur de son enseignement. Pour chacune de ces orientations de recherche, il mentionne celles et ceux qu’il considère comme des références. Leur postérité aujourd’hui est très inégale : des investigations plus poussées seraient intéressantes.
- Télécharger : “L’anthropologie du mimisme et ses orientations scientifiques“, introduction du cours à la Sorbonne du 12/01/1956 – suivie des références bibliographiques de différents continuateurs.
Marcel Jousse laisse toute son œuvre en héritage à sa collaboratrice Gabrielle Baron. Elle crée une association pour en assurer la continuité. Les publications de Jousse étant devenues indisponibles, elle rassemble différents textes et les fait éditer chez Gallimard en 3 volumes. C’est le début d’une nouvelle diffusion de la pensée de Jousse, qui a des effets paradoxaux : cette forme écrite lui donne une place d’ “auteur” dans notre société de Style écrit ; mais cette synthèse particulièrement dense est difficile d’accès pour des néophytes, et ne reflète pas la puissance de l’expression vivante de son enseignement. Toutefois, Gabrielle Baron réussit à former plusieurs personnes à la mémorisation des récitatifs rythmo-pédagogiques des Évangiles. Cette pratique s’est développée à travers plusieurs associations.
Sur le plan universitaire, les travaux de Jousse ont inspiré différents chercheurs, mais n’ont pas encore de prolongements de façon organisée : ils sont à contre courant de la spécialisation des recherches en disciplines, qui a marqué les 50 dernières années. Jousse était conscient de cette difficulté. La tendance pourrait s’inverser.
Lire un extrait de cours de 1938 expliquant : “Ce qui a manqué, c’est l’élaboration d’une terminologie neuve et adaptée.”
A découvrir, la présentation richement illustrée de Fabienne Martin-Juchat et Rémy Guérinel : “Le corps du style ou l’incarnation d’une thèse : le cas Marcel Jousse (1886-1961)“, lors du colloque “Sciences et écritures” à Besançon les 13-14 mai 2004.
Quel était pour Jousse le plus grand défi dans l’enseignement ? La simplicité. Son idéal était que ses découvertes puissent être comprises par des enfants. Il y a encore du travail !
Extrait d’un cours où Jousse raconte son expérience avec des enfants d’ouvriers parisiens.