chercheur, anthropologue, pédagogue

Catégorie : Documents d’archive

Les conférences de Jousse qui n’ont pas été transcrites

Entre la publication du Style Oral (1925) et le début de ses cours réguliers à la Sorbonne, à l’Ecole d’Anthropologie :

1927 : 3 conférences à l’Institut Biblique Pontifical, à Rome

1930 : 3 conférences à l’Université catholique de Louvain, Institut Supérieur de Philosophie

1 conférence donnée à l’Instituut Voor Opvoedkunde, St Lucasschool, à Gent

1931 : 3 conférences données au Foyer international des étudiants catholiques, à Paris

1931 : 1 conférence donnée à la salle de la Société de Géographie, à Paris

1932 : 3 conférences données à l’Institut international d’Anthropologie, à Paris

 

Il est aussi sollicité par des théologiens :

1937 : 1 conférence donnée à la Faculté libre de théologie protestante, à Paris

Entre 1934 et 1937, 3 cycles de leçons données à la Faculté de Philosophie de Jersey (lieu de formation des Jésuites)

 

> Le catalogue des conférences et leçons de Marcel Jousse qui n’ont pas été transcrites.

Jousse selon le TIME Magazine le 6 Novembre 1939

Rythmocatéchiste

Au sein de la Compagnie de Jésus, ces défenseurs militants de l’orthodoxie catholique romaine, un jésuite français nommé Marcel Jousse a longtemps été un « enfant terrible ». Ancien capitaine d’artillerie qui a commencé à étudier dans cet ordre religieux après la Première Guerre mondiale, le père Jousse, âgé de cinquante ans, avec des cheveux blancs, a inventé et enseigne aujourd’hui ce qu’il appelle le Rhythmocatéchisme, ou prêcher avec des gestes.

Sa théorie a commencé à prendre forme quand il a remarqué une distinction entre le mimétisme des humains et celui des singes : les enfants peuvent imiter des actions telles que le rasage et le tir sans utiliser de rasoirs ou d’armes à feu ; mais les singes ne le peuvent pas, ou ne le font pas. Le père Jousse est convaincu que mimer et faire des gestes a existé avant d’écrire ; les hiéroglyphes, croyait-il, n’étaient pas des idéogrammes, mais des mimogrammes, des représentations de gestes significatifs.

De ses recherches, le Père Jousse a conclu qu’il était possible de reconstruire non seulement ce que Jésus disait, mais aussi comment il le disait, à partir de textes en araméen – langue que beaucoup croient que Jésus parlait, et que le Père Jousse considère admirablement apte à exprimer des gestes éloquents. Pour d’autres jésuites, ses théories sentaient l’hérésie. Mais le père Jousse se défendit lui-même d’être hors de cause, et convainquit même feu le pape Pie XI, dans une interview personnelle dont les paroles et les gestes ne furent pas rapportés, qu’il était foncièrement orthodoxe.

Malgré la guerre, à Paris, la semaine dernière, le père Jousse se préparait à reprendre à la Sorbonne son cours de rythmocatéchisme. Son titre : Les Rhythmes Formulaires de l’Apocalypse d’Ezdras et le Style Oral Palestinien. La première disciple du père Jousse, sa fidèle amie et collaboratrice, est une minuscule vieille fille aux cheveux blancs, du nom de Mlle Gabrielle Desgrées du Lou. Cette dame, qui doit s’inscrire en tant qu’étudiante pour entrer à la Sorbonne, fait pour le père Jousse les gestes à la tribune, en chantant, par exemple, la parabole de Jésus des maisons construites sur le sable et sur le roc. Mlle Desgrées du Lou tourne les yeux, agite les bras, se tord et se balance comme une danseuse de ballet. Quand le père Jousse donne des conférences, 200 personnes regardent, les yeux grands ouverts : des médecins, des spiritualistes, des philologues, des étudiants de ballet, des poètes (parmi eux Paul Valéry) — et deux théologiens jésuites, en oiseaux de proie guettant les hérésies.

Article de presse sur l’inauguration de la chaire à l’École d’Anthropologie

M. Marcel Jousse, dont les travaux sur l’origine et le mécanisme du langage humain ont créé une science nouvelle, inaugurait le lundi 6 octobre la chaire qu’il a fondée à l’École d’Anthropologie de Paris et à laquelle il a donné le nom d’Emmanuel Desgrées du Loû.

Au début de ce premier cours, M. Marcel Jousse a exposé au nombreux public qui suit avec passion ses travaux pour quelles raisons du cœur il a voulu consacrer sa nouvelle chaire à la mémoire de l’ancien directeur de L’Ouest-Éclair.

“L’École d’Anthropologie veut ressembler à ces vieux châteaux de Bretagne qui résistent aux siècles parce qu’ils ont été construits pierre à pierre, avec foi, avec amour, par des chevaliers vaillants et tenaces. Nos maîtres ont été aussi des chevaliers de la science qui dévouèrent leur vie à leur œuvre et à leur idéal désintéressé. Ils ont édifié ce château de science expérimentale, que j’espère, avec votre concours, avec celui de tous mes collaborateurs, élever et agrandir encore pour y entasser et y garder un trésor de vérités neuves. Mais à tout château il faut sur sa porte un blason. Enfant du peuple, qui doit tout à son travail, je n’ai pas de blason. Qu’il me soit permis, par un hommage du cœur, d’emprunter celui d’une noble famille bretonne, qui associa mon humble effort à sa grande et pure tradition. Emmanuel Desgrées du Loû a servi son pays par la plume, comme son frère le colonel Xavier Desgrées du Loû par l’épée. Tous deux sont morts debout à leur poste de combat, et tenant haut leur drapeau. Que leur nom soit ici le symbole de notre pieux respect envers toutes les gloires du passé, et de notre volonté de créer une science de vie. A leur exemple, je servirai ici une vérité à laquelle j’ai donné ma vie, toute ma vie, et à laquelle je consacrerai tout ce qu’il y a en moi de force et de volonté.”

Après avoir rendu cet hommage ému à la mémoire de notre ami, M. Marcel Jousse a exposé l’essentiel de ses découvertes et de sa méthode de recherche. La nouveauté de ses vues, la fulgurante éloquence qu’il apporte à les exposer et à en montrer l’immense portée ont soulevé l’enthousiasme de son auditoire.

J.C.

journal Ouest Éclair du 10 novembre 1933

Publication du Style Oral

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