Le professeur Marcel Jousse est né à Beaumont-sur-Sarthe le 28 juillet 1886 dans un milieu de paysans, en majorité illettrés.

En bref, Marcel Jousse est :

  • Un enfant qui s’éveille à la conscience, dans un milieu paysan, sur les genoux d’une mère quasi illettrée et douée d’une étonnante mémoire. Sa mère récitait, en les rythmant et en les balançant, des traditions orales. La prise de conscience de ce bercement maternel initia l’enfant aux mécanismes anthropologiques, repérables principalement dans les milieux où domine le style oral.

 

  • Un paysan qui restera marqué par la grande culture orale de ce milieu, en partie illettré.

 

  • Un écolier puis un collégien très intelligent et curieux. Il fit de brillantes études classiques.
    Dès l’âge de douze ans il commença l’étude du latin et du grec par la méthode des racines inspirée du linguiste Maunoury. Dès l’âge de 13 ans il s’intéressa également à l’hébreu et à l’araméen pour connaître la langue que parlait Jésus. A 15 ans, premier de classe, il versifiait déjà en grec et en latin.
    Après son baccalauréat, il entreprit des études de mathématiques supérieures en vue de devenir astronome. Puis, quittant celles-ci, il s’oriente vers les sciences de l’homme.

 

  • Un prêtre, un jésuite. Ordonné prêtre en 1912, il entre en 1913 dans la Compagnie de Jésus. Puis il fait la guerre comme officier d’artillerie. En 1917, il est envoyé comme instructeur aux Etats-Unis et séjourne dans les réserves des Indiens, dont il étudie les expressions gestuelles.

 

  • Un chercheur. De retour à Paris en 1919 il entreprend des études de phonétique, de
    psychologie normale et pathologique, d’ethnologie. Il confronta ses recherches avec des grands maîtres de l’époque, dont il fut l’élève : l’anthropologue Marcel Mauss, le psychologue Pierre Janet, le docteur en médecine et psychologue Georges Dumas, le créateur de la phonétique expérimentale Jean-Pierre Rousselot.
    Ceux-ci reconnurent en lui un chercheur exceptionnellement doué. Et Marcel Jousse devient le spécialiste de l’étude du style oral, du rythme et du geste.

 

  • L’initiateur d’une science nouvelle l’ « anthropologie du geste ». Il étudie les rapports du geste avec les mécanismes de la connaissance, de la mémoire et de l’expression. Sa recherche est élaborée à partir de l’étude des milieux d’oralité qu’il qualifie de milieux de “style oral”. Il a conduit sa recherche à partir de son expérience personnelle d’une enfance vécue parmi les paysans sarthois, et à travers l’étude historique et géographique de divers milieux de style oral.

 

  • Un professeur qui enseigne dans divers lieux universitaires à Paris.
    En 1931, le Professeur Henri Delacroix, Doyen de la Sorbonne, propose à Marcel Jousse de faire des conférences libres à l’amphithéâtre Turgot de la Sorbonne. Il y enseignera jusqu’en 1957. En 1932 il crée l’Institut de Rythmo-pédagogie avec un groupe d’anthropologistes, de pédagogues et de psychiatres. Le président en est le docteur Joseph Morlâas. Cet Institut “a pour but d’élaborer, d’expérimenter et de perfectionner sans cesse une pédagogie vivante, fondée sur la psychophysiologie du geste, du langage et du rythme. Il établit une liaison indispensable entre le chercheur et le praticien, entre le laboratoire et l’établissement scolaire.”
    Cette même année 1932, Marcel Jousse est nommé à la chaire d’anthropologie linguistique de l’École d’Anthropologie de Paris. Il y enseignera jusqu’en 1951.
    En 1933, le Professeur Maurice Goguel, Doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris, fait intervenir Marcel Jousse comme conférencier libre dans le cadre de son cours sur les origines du christianisme, à l’École pratique des Hautes Études. Marcel Jousse y enseignera jusqu’en 1945.
    Par ailleurs, deux directrices d’écoles de jardinières d’enfants lui demandent d’intervenir en tant que psychologue de l’enfant, dans le cadre du Laboratoire de Rythmo-pédagogie.
    Marcel Jousse fut invité à donner des conférences à l’Université de Louvain, en Belgique. Il fut aussi invité en janvier 1927 à donner une série de conférences à l’Institut biblique pontifical de Rome. Ces conférences recueillirent un grand succès.

 

  • Toute sa vie Marcel Jousse sera un chercheur et un praticien.
    Comme il le dit lui-même : “au fond j’ai toujours été l’anthropologiste du geste global et du rythme vivant. Si j’ai une mémoire déconcertante, c’est que, dans ma jeunesse, j’ai toujours rythmé ce que j’apprenais”.

Il donnera ses derniers cours en Sorbonne en 1957. Car il est atteint d’une sclérose cérébrale qui lui enlèvera progressivement toutes ses facultés.
Le professeur Marcel Jousse s’éteint le 14 août 1961 à Fresnay-sur-Sarthe où il est enterré.

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