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Lansad = enseignement des “langues à des spécialistes d’autres disciplines”

à l’IUT de Lyon les 2, 3, 4 juin 2016

Dans son ouvrage intitulé L’anthropologie du geste, Marcel Jousse décrit l’homme comme “un animal interactionnellement mimeur” ([1974] 2008) ne pouvant s’empêcher de rejouer les actions qu’il voit autour de lui, actions qui s’im-priment en lui et qu’il ex-prime ensuite au travers de rejeux. L’homme construit donc son identité, son « je » en rejouant les actions du monde. Jouer lui permet de « faire corps avec » et, par là, de mieux comprendre et mémoriser (Lecoq 1997). Par conséquent, l’acte de jouer (et de rejouer) permet d’acquérir des connaissances et compétences tout en se reliant à autrui puisque tout jeu implique une reconnaissance et une adaptation à l’autre. Enfin, pour Jousse, jouer est un acte de création puisque le rejeu n’est jamais une réverbération, une simple imitation fidèle de ce qui a été perçu mais une réponse personnelle et dynamique. Il ne s’agit pas de représenter de manière figurée l’objet observé mais « d’agir » sa dynamique intérieure.

Ainsi, le jeu peut être un amusement, une activité divertissante que l’on pourrait proposer aux étudiants dans une perspective (re)motivationnelle ; toutefois, il reste fondamentalement un comportement qui nous est propre, « quelque chose de profondément anthropologique » (ibid). Dans cet esprit, Berthoz considère qu’il ne peut y avoir d’apprentissage sans action puisque « l’origine de la pensée réside dans la nécessité de bouger » (2009). D’autres chercheurs en neurosciences mettent en évidence l’importance du corps dans l’apprentissage, comme Rizzolatti, qui  suggère l’existence des neurones miroirs qui nous permettent inconsciemment de simuler les actions d’autrui.

Les liens entre jeu et apprentissage sont nombreux et tous deux sont des phénomènes éminemment sociaux qui relient l’individu à son environnement. Ils favorisent « la mise en je » de son identité et rappellent le rôle du corps dans la compréhension d’autrui. Le jeu reste néanmoins marginalisé en cours de langue (Lapaire & Masse, 2008 ; Aden 2008). Comment, dans ces conditions, penser l’enseignement/apprentissage dans le secteur LANSAD afin de redonner toute leur place aux jeux quels qu’ils soient ? Telle sera la question à laquelle nous tenterons de répondre lors du prochain congrès de l’APLIUT à Lyon. La notion de jeu pourra être envisagée dans ses nombreuses acceptions (théâtraux, stratégiques, vidéo, tangibles, pour n’en citer que quelques-uns) et ses enjeux en termes d’enseignement/apprentissage (motivation, plaisir, autonomie, mémorisation).

Références

Aden J. 2008. « Compétences interculturelles en didactique des langues : développer l’empathie par la théâtralisation », Apprentissages des langues et pratiques artistiques, Paris, Édition le Manuscrit, p. 67-102.

Berthoz A. 2009. La simplexité, Paris : Odile Jacob.

Jousse M. 2008. L’Anthropologie du Geste, Paris : Gallimard (1978)

Lecoq J. 1997. Le corps poétique : un enseignement de la création théâtrale, Arles : Actes Sud.

Lapaire, J.-R. & Masse J. (2008). « Danser la grammaire de l’anglais », dans Aden J., Apprentissages des langues et pratiques artistiques, p. 149-176.

Rizzolati G., Sinigaglia C. 2007. Mirrors in the Brain. How our minds share actions and emotions, Oxford : Oxford University Press.

Lien vers la source :
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article6033

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